Abdellah El Antaki, plus connu sous le surnom de Abdellah Malaga, est peu connu des Marocains et des footeux marocains.
Au fait, son vrai nom est Abdellah Ben Barek El Antaki. Né en 1937, il a côtoyé un certain Larbi Ben Barek, la Perle noire. Il avait ceci en commun avec le défunt qu’il voulait apporter un plus au football national. Et comme le défunt, il a échoué. Malgré lui.
Abdallah Malaga, aujourd’hui âgé de 81 ans, a passé toute sa carrière et sa vie dans la ville portuaire située sur la Costa del Sol et dont il porte le nom.
Après la débâcle du Maroc face à l’Algérie en 1979 et les années de vaches maigres du football national, le défunt roi Hassan II a fait appel à lui. Il a répondu présent et est rentré au bercail, avec un projet immense. Son projet s’appelait «Mille et un joueurs».
Peu croyaient en ce projet. A l’instar de Abdellatif Jebrou, alors brillant chroniquer d’Al Ittihad Al Ichtiraki, qui l’avait raillé d’une manière peu courtoise avant de se rétracter. Et de lui présenter des excuser solennelles.
Nous étions plus de 1.000 jeunes au Centre national des sports Moulay Rachid à Rabat, pour la plupart issus de quartiers défavorisés. Nous étions logés, nourris et on nous donnait 100 dirhams par jour (ce qui n’était pas rien à l’époque). On devait jouer chaque jour un mach, des matchs. Et au dîner, au déjeuner et au matin, mais surtout le soir, l’adjoint de Abdellah Malaga venait avec une liste de joueurs devant plier bagage. On l’appelait «Azraël», l’ange de la mort.
Ce projet n’a pas abouti. Il se chuchote que c’est un ancien ministre de l’Intérieur qui l’a fait capoter. Le concerné n’a jamais voulu se prononcer sur le sujet.
Pour autant, même parti dépité, il a été rappelé en 1992 pour être l’adjoint de l’Allemand Wagner. Aux Jeux olympiques de Barcelone. La dernière sélection de Badou Zaki. Avec les déboires qu’on connaît. Il repart aussi -pour ainsi dire- très mal en point.
En tant que joueur, j’ai eu l’immense bonheur et le plaisir de connaître un homme aussi grand et altruiste. En tant que journaliste, je l’avais rencontré au Stade Tessema à l’occasion d’un hommage à un joueur. Il avait fait la queue devant le guichet, a acheté dix tickets et les a déchirés. Je crois que c’était en 1999.
Depuis, il n’a plus remis les pieds au Maroc, son pays natal et adoré. Du moins pas officiellement, ni médiatiquement parlant.
Au lancement du service Sport de le360, nous l’avions toujours sollicité. Et c’est avec joie et bonhomie qu’il a toujours répondu à l’appel. Notre équipe s’était déplacée à Malaga pour le voir et l’interviewer. Il était d’une grande gentillesse. Et même quand nous avions besoin de parler avec un joueur phare de son équipe, il nous facilitait la tâche.
Pour résumer: Abdellah Malaga illustre parfaitement ce dicton qui prétend que «nul n’est prophète en son pays».
Happy birthday to you, Grand Monsieur. Et longue vie.




