Cette victoire judiciaire, à l’origine d’une grosse polémique à Marrakech, sera sans nul doute longuement débattue pendant encore des semaines. Le tribunal de première instance de la ville vient d’ordonner le retour en classe d’une élève mineure, désireuse de porter un voile à ses cours au lycée Victor Hugo, qui fait partie du réseau de l’Agence des établissements français à l’étranger (AEFE, communément nommés établissements «de la mission française»).
La collégienne, scolarisée en Troisième, s’était vu interdire l’accès aux cours voici à peine quelques jours, ce qui avait été à l’origine d’une importante controverse.
Selon Assabah qui relaie cette information ce lundi 24 juin, dans son jugement, la Cour a fixé une pénalité de 500 dirhams par jour à reverser par l’établissement si la collégienne n’y était pas à nouveau admise. Ce jugement a été mis en application immédiatement.
Le quotidien explique que cette action en justice a été initiée par la famille de la collégienne, après que celle-ci a été empêchée d’entrer en classe le 10 juin dernier, à cause de son voile.
Deux audiences, sur un laps de temps de 14 jours, ont suffi à la Cour pour rendre son verdict, en la faveur de la partie plaignante.
La mère de l’adolescente a informé le quotidien qu’un courrier provenant de l’administration du lycée leur avait été adressé, leur expliquant qu’en raison de son «port d’habits non appropriés», un voile en l’occurrence, elle avait été expulsée de l’établissement.
La stupéfaction de la famille a été totale face à cette décision, d’autant que, a affirmé la mère de cette collégienne, d’autres établissements faisant partie de l’AEFE, dans d’autres villes au Maroc, n’appliquent pas des décisions similaires à l’encontre de collégiennes ou de lycéennes dans le même cas.
Selon Assabah, la famille de la collégienne de Marrakech a jugé que l’interdiction faite à leur enfant d’assister à ses cours était une décision «contraire aux principes de la Constitution marocaine», alors même que l’adolescente porte son voile, ont-ils déclaré, «par conviction personnelle», parce que «cela fait partie de sa façon d’être, au quotidien».
C’est pourquoi la famille de l’adolescente a eu recours à la justice pour imposer sa réintégration en classe.
D’après le quotidien, l’avocat qui a défendu l’établissement à ce procès a tenté d’éviter qu’une décision soit prise en la défaveur de son client, et a fait valoir qu’un recours en justice dans ce genre d’affaires ne pourrait l’être qu’à l’encontre de l’AEFE, dont relèvent plusieurs établissements au Maroc, comme le lycée Victor Hugo.
Dans sa plaidoirie, l’avocat du lycée Victor Hugo a aussi expliqué ce qui motivait cette interdiction, ainsi que la nécessité pour l’ensemble des élèves de porter un habit adéquat, sans pour autant qu’il ne fasse référence au voile.
Dans le jugement rendu, la Cour s’est surtout fondée sur les termes du partenariat conclu entre les autorités marocaines et les représentants de l’AEFE, présentés par la défense.
Aucune référence n’y est faite à une quelconque interdiction d’habits représentant la religion des élèves scolarisés. Quand bien même ce serait le cas, cette disposition, a indiqué la Cour, serait illégale, car elle ne répond pas aux règles et aux droits appliqués dans le pays où cet établissement est implanté.