Voici pourquoi l’Allemagne a suspendu l'octroi de ses bourses aux élèves marocains

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En 2008, le Goethe Institut mettait en place au Maroc le programme Pasch pour l’apprentissage de la langue allemande de façon intensive en Allemagne. Aujourd’hui, le programme est suspendu en raison d’élèves «fugueurs».

Le 01/10/2019 à 11h28

«Les écoles, partenaires de l'avenir», c’est sous cette appellation que se définit le programme Pasch, un réseau mondial de quelque 2000 écoles dans lesquelles l'allemand revêt une importance particulière.

Ainsi, chaque année, des enseignants et élèves bénéficiant d'une bourse du Goethe-Institut passent quelques semaines en Allemagne. Les enseignants suivent des cours d'allemand, acquièrent de nouvelles méthodes d'enseignement et améliorent leur niveau de langue.

Initié par le ministère fédéral des Affaires étrangères en coopération avec l'Office central pour l'enseignement allemand à l'étranger (ZfA), le Goethe-Institut (GI), l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD) et le Service d'échange pédagogique de la Conférence permanente des ministres de l'éducation et des affaires culturelles des Länder en République fédérale d'Allemagne (PAD), le programme est également déployé au Maroc.

Destiné aux élèves de 7 établissements partenaires du Goethe Institut à travers le Royaume, le programme a toutefois tourné au fiasco.

Le flop de l’expérience marocaineEn effet, le Goethe-Institut d’Allemagne a suspendu le programme de bourses pour les étudiants marocains après que quelques étudiants, une fois arrivés en Allemagne, ont refusé de revenir au Maroc.

Contactée par Le360, la directrice du Goethe Institut au Maroc, Susanne Baumgart, confirme l’information: «3 des 14 élèves des écoles PASCH au Maroc n’y sont pas revenus.»

Comment ont-ils procédé ? «Ils se sont cachés en Europe avant ou après le cours de langue», nous apprend-elle.

Face à cette situation, le Goethe Institut a donc décidé de suspendre le programme Pasch au Maroc, jusqu’à nouvel ordre, le temps de clarifier la situation, et comme l’explique Susanne Baumgart, de mettre en place «une méthode de sélection pour éviter que cette situation se répète».

Ainsi, pour l’année scolaire 2019-2020, plus question d’envoyer des élèves marocains en Allemagne. «Nous ferons un cours de langues au Maroc», nous explique-t-elle, et ce, «pour gagner du temps pour l’évaluation nécessaire» de la situation.

Si la directrice du Goethe Institut dit ne pas connaître les établissements des élèves concernés, elle nous informe toutefois que ceux-ci «sont scolarisés dans des lycées à Fès et à Kenitra».

Un petit tour sur la carte interactive, disponible sur le site web de l’Institut Goethe, qui recense les établissements concernés par le programme nous permet de faire quelques déductions.

A Casablanca, deux établissements suivent ce programme, le Lycée Lyautey et le lycée Mohammed V, et à Settat, le lycée Ibn Abbad.

A Rabat, y participent le lycée Descartes et le lycée Lalla Aïcha.

Viennent enfin les établissements des deux villes concernées par ces «fugues»: le lycée Abderrahman Annaser et le lycée Moulay Idriss de Fès.

Et maintenant ?Ce cas de figure, qui intervient pour la première fois en 2019 dans le cas du Maroc, a toutefois déjà été relevé en Afghanistan en 2010 selon Madame Baumgart.

Quelles sont les précautions qui pourraient dorénavant être prises pour éviter que ce genre de situations ne se reproduise?

Premiers visés par les restrictions à venir: les étudiants majeurs. «A l'avenir, nous ne sélectionnerons plus des étudiants majeurs pour le cours pour jeunes», nous explique la directrice.

Mais ce n’est pas tout. «Nous modifierons également nos critères de sélection. Jusqu'à présent, nous décidions (de l’acceptation d’un dossier) sur la base des résultats des examens «Fit in Deutsch». «A l'avenir, nous impliquerons les enseignants et nous ajouterons des critères supplémentaires», conclut-elle.

Une question toutefois s’impose: est-ce que la fugue de trois élèves (un nombre qui ne dépasse pas les doigts d’une seule main) nécessite la suspension de tout un programme ?

Par Zineb Ibnouzahir
Le 01/10/2019 à 11h28