Les militantes de la Coordination féminine pour une réforme globale et profonde du Code de la famille viennent d’adresser une lettre ouverte à El Hassan Daki, le président du ministère public, après avoir été confrontées à des «menaces et à une vague de violences» à cause, écrivent-elles, «de leurs opinions et de leurs prises de positions en ce qui concerne les droits de l’Homme».
Cette lettre a été diffusée à la suite d’une vague de «messages de menaces sur la Toile via des discours, des déclarations et des fatwas anonymes appelant à la haine et visant à intimider les défenseurs des droits de l’Homme, à les museler et à leur interdire d’exprimer leurs opinions sur des questions d’ordre général». Ces messages ciblaient plusieurs activistes féministes.
Dans leur lettre ouverte, les militantes de cette ONG ont ainsi indiqué que plusieurs activistes féministes avaient reçu, le 28 mars 2024, des messages électroniques comportant des «menaces de mort» et des promesses de «vengeance» à leur encontre, ainsi qu’à l’encontre de membres de leur famille, relaie Al Ahdath Al Maghribia de ce mardi 16 avril 2024.
Elles ont donc appelé les autorités compétentes à intervenir afin de protéger les femmes ciblées par ces menaces, et leur ont demandé «d’assumer leurs responsabilités, afin de faire face à ces menaces, selon une approche sécuritaire et judiciaire via le ministère public, dans le cadre de la lutte contre les extrémismes, [les discours] de haine et [d’apologie du] terrorisme».
Les militantes de la Coordination féminine pour une réforme globale et profonde du Code de la famille considèrent que ces agissements, qu’elles qualifient de «gravissimes», sont «des menaces» à l’encontre de «la sécurité des militantes et de leur famille», ainsi que de «la paix sociale». Menaces qui, de plus, «affectent profondément les acquis constitutionnels et juridiques en ce qui concerne les droits de l’Homme».
Al Ahdath Al Maghribia indique que les signataires de cette lettre demandent au ministère public de «prendre des mesures immédiates pour protéger les militantes féministes menacées, de leur garantir les conditions de sécurité nécessaires à même de leur permettre d’exercer leurs droits fondamentaux en toute liberté, tout en ouvrant une enquête sur ces menaces et en prenant les sanctions appropriées contre leurs auteurs».
Il y a peu, plusieurs associations de lutte pour les droits des femmes avaient appelé à lutter contre les discours de haine, l’incitation au takfir (l’équivalent musulman de l’excommunication chrétienne).
Leurs militants avaient aussi demandé de mettre un terme aux dénigrements dont les activistes féministes sont la cible, à cause des opinions et des propositions que les ONG émettent sur les réseaux sociaux, concernant la réforme du Code de la famille actuellement en cours.
Cette vague de messages hostiles, qui vont à l’encontre des droits de l’Homme, a été menée via la diffusion, sur les réseaux sociaux, de vidéos ou de commentaires publiés depuis des comptes fictifs.
Les militantes ciblées par cette vague de haine, déjà bien connues pour la légitimité de leurs revendications en faveur de la réforme du Code de la famille, ont aussi reçu des menaces sur leur messagerie privée.