Après avoir affirmé l’année dernière au début de la pandémie que celle-ci n’était pas aussi grave qu’on le prétendait et avoir encouragé ses nombreux followers à préférer les traitements naturels à base de plantes plutôt que le protocole médicamenteux mis en place par le Maroc, voici que le «Docteur» El Faid nous revient en affirmant cette fois-ci tout l’inverse et en allant encore plus loin.
Dans une vidéo partagée sur sa chaîne YouTube et les réseaux sociaux dans laquelle il tient des propos aussi répétitifs que décousus, le «docteur» qui se dit spécialiste en nutrition, s’attaque cette fois-ci au sujet de la vaccination. «Tout le monde (l’industrie pharmaceutique) tremble! Personne ne sait rien!», avance-t-il en décrétant au passage, lui qui n’est pas spécialiste rappelons-le, que la première forme du coronavirus est devenue un virus normal mais qu’on ne sait rien de ses variants.
Les Arabes, les premiers de la classeToutefois, tient-il à souligner à plusieurs reprises en se gargarisant d’une grotesque fierté, la gestion de la crise sanitaire dans les pays arabo-musulmans a été exemplaire et l’est toujours à cette date. N’allez toutefois pas chercher ici un compliment pour la stratégie mise en place par les autorités sanitaires car l’explication de l’évolution positive de la pandémie dans ces pays exemplaires s’explique selon lui par le recours aux remèdes traditionnels et le jeûne dont l’usage est «hamdoullah» bien ancré dans les mœurs des populations. «C’est (d’ailleurs) la femme qui est devenue médecin et pharmacienne», analyse-t-il, en sociologue qu’il n’est pas non plus, dessinant ainsi les contours du rôle de bonne gardienne des traditions de la femme au sein du foyer.
Vaccinera, vaccinera pas?Mais le cœur du sujet de cette nouvelle vidéo n’est pas là. Féru de polémiques vides de sens, El Faid qui, rappelons-le, n’est pas plus virologue ou immunologiste que la majeure partie de la population, entend cette fois-ci mettre en doute l’efficacité des vaccins et s’interroge pendant 26 minutes interminables sur le pourquoi du comment de la vaccination.
N’allons pas nous méprendre pour autant, car il ne conteste pas pour autant la vaccination! En résumé, il est pour le vaccin mais souhaite en débattre avant de se le faire administrer, sachant qu’il le fera de toute manière… Voilà grosso mode le résumé de son propos.
«Les gens se demandent s’il faut se faire vacciner ou pas. Mais, il n’y a qu’un fou qui pourrait vous répondre!», s’écrie-t-il dans cette vidéo surréaliste, n’hésitant pas à balayer d’un revers de la main le travail de titan réalisé par les autorités compétentes et, par la même occasion, la crédibilité du comité scientifique pour l'élaboration de la stratégie de vaccination mis en place au Maroc, lequel est composé d’éminents spécialistes.
Mais cela, le «docteur» El Faid n’en a cure car, prédit-il, «les scientifiques vont être amenés à démissionner», «la vérité éclatera dans cinq à dix ans et on connaîtra vos mensonges» car, conclut-il en apothéose, «moi, je sais ce que je dis». S’improvisant ainsi expert en virologie, celui-ci explique ainsi qu’il y aura d’autres variants avec «un sixième variant au cours du mois six (le mois de juin), un septième pendant le mois sept (le mois de juillet), etc.». Une logique aussi implacable que ridicule pour introduire la thèse selon laquelle il faut entretenir la peur du virus pour pouvoir vacciner.
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On nous cache tout, on ne nous dit rien!Et pour donner du crédit à cette thèse complotiste qui ne repose que sur des questions auxquelles il n’apporte aucune réponse, celui-ci prétend qu’aucune réponse n’existe à ces mêmes questions, prétendant ainsi que nous autres Marocains sommes plongés dans l’ignorance la plus totale. «C’est la raison pour laquelle la population ne croit plus dans les autorités et dans les décisions prises!», s’écrie-t-il dans un mouvement d’humeur contestataire.
Mais El Faid ne s’arrête pas là. Il dénonce l’absence d’éminents spécialistes en virologie et immunologie de la scène marocaine, l’absence de débat scientifique, critiquant le fait que les experts ne s’adressent pas au public et ordonne par la même occasion qu’ils débattent en direct avec les Marocains sans passer par voie de presse. Car oui, le docteur El Faid n’aime pas les médias. Peut-être en raison de leur tendance à jeter la lumière sur ses inepties et sa dangerosité. Dangereux l’homme? Oui, si l’on considère qu’il a sa part de responsabilité dans la mort de nombreuses personnes ayant arrêté leur traitement contre le Covid-19 pour lui préférer des remèdes naturels, suivant ainsi à la lettre ses recommandations. Sans parler de ces personnes diabétiques et atteintes de maladies chroniques à qui il prescrit dans ses vidéos de respecter le jeûne du ramadan.
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Des contre-vérités pour seule expertiseCe qui nous interpelle enfin dans cette nouvelle intervention, ce sont les nouvelles contre-vérités du docteur El Faid. «Pourquoi on ne vaccine pas ceux âgés de 30 et 40 ans qui ont peur de mourir au profit de ceux qui ont plus de 75 ans qui n’ont plus peur de mourir?». C’est là l’une des interrogations du prétendu médecin qui n’hésiterait visiblement pas à expédier vite fait bien fait dans l’autre monde le troisième âge.
«On ne nous dit pas pour qui est prescrit ce vaccin?», «et les femmes enceintes ou allaitantes?», «et les personnes qui ont déjà été atteintes du Covid-19, devront-elles se faire vacciner ou pas?»… Autant de questions qu’il égrène frénétiquement, les répétant en boucle, avant de prédire en oiseau de mauvaise augure «la vérité finira pas éclater, vous verrez! (…) les peuples doivent se réveiller».
Le discours dit avec tant de conviction fait mouche auprès de bon nombre de personnes, d’autant plus celles qui se complaisent dans de vaines thèses du complot. Pourtant, trouver des questions à ces réponses ne coûte aucun effort, à part celui de lire la presse ou encore mieux, de se rendre sur le site Liqahcorona mis en place par le ministère de la Santé et où l’on trouve réponse à toutes ces questions et bien plus encore.
En attendant, faut-il continuer à laisser la parole à de dangereux individus qui se prétendent spécialistes au nom de la liberté d’expression? C’est la question qui se pose, ici comme ailleurs.