Originaire de Casablanca, Mostafa Essabbar est installé aux Etats-Unis depuis plus de 20 ans. C’est lui le proprio de Sal’s Pizza, l'unique restaurant ouvert dans le centre commercial jouxtant le lieu du drame. Au moins huit de ses clients réguliers faisaient partie des victimes de la fusillade du centre municipal de Virginia Beach.
Vendredi 31 mai, vers 16h, Mostafa Essabbar aperçoit l’un de ses clients habituels s’asseoir, dans un état de détresse absolue, sur le trottoir près de North Landing Road. «Il avait été touché à la poitrine. Je ne savais pas qu'il s'était fait tirer dessus. Je suis allé le voir et le policier a dit: «Restez à l'écart!» Il a enlevé sa veste et j'ai vu du sang sur sa chemise», raconte Mostafa Essabbar, cité par The Virginian Pilot, le plus grand quotidien de Virginie.
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Ryan, Mary, Richard, Katherine, etc., Mostapha Essabbar connaît bien les noms et les visages de la majorité des victimes et même celui du tireur, confie-t-il, interrogé par Le360. Il a toujours en mémoire le repas préféré de chacun d’entre eux. «Mary et Katherine viennent souvent ensemble. C'étaient des amis. Katherine a toujours eu une salade et des ailes. Richard était végétarien. Ryan était fun du plat stromboli. Bobby prend à chaque fois deux tranches de pepperoni. Il était là hier. Il a travaillé en tant qu’ingénieur dans ce département pendant 41 ans. Il avait l'habitude de rester assis ici, sur ce siège», poursuit le quotidien américain, citant Mostafa Essabbar.
«C'est comme si vous perdiez un membre de votre famille. Je les voyais presque tous les jours. Je me sens tellement mal pour leurs proches. Une dame a dû charger ici la batterie de son téléphone pour appeler son mari. J'étais content qu'il soit en vie», ajoute-t-il.
Depuis vendredi dernier, le restaurant Sal’s Pizza est devenu le point de ralliement des journalistes, venus en nombre couvrir le drame de Virginie Beach. CNN, Fox News, CNBC, les prestigieuses chaînes télé américaines viennent recueillir le témoignage de celui connu sous le nom de «Sal», sa pizzeria new-yorkaise sise Liberty Way.
Dans cette vidéo filmée sur les lieux du drame pour Le360, Mostafa Essabbar apporte son témoignage sur ce crime.
Faisant montre de sa solidarité, Mostafa Essabbar s’est proposé d’offrir gratuitement des repas et des collations aux personnes venues se recueillir sur les lieux du drame. «On fait ce qu’on peut pour aider», déclare-t-il.
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Les autorités locales ont identifié le tireur dès samedi dernier, il a d'ailleurs été abattu par la police. Préférant honorer la mémoire des victimes, elles n'ont prononcé son nom qu'à une seule reprise: DeWayne Craddock, un homme d'une quarantaine d'années, employé depuis environ 15 ans dans le service des travaux publics de la ville. Selon la presse locale, il s'agit d'un ancien engagé de l'armée américaine.
Il était environ 16 heures, vendredi (soit 20 heures GMT), lorsqu'il a fait irruption dans un bâtiment municipal avant de tirer "à l'aveugle", aux différents étages, sur toutes les personnes se trouvant sur son passage.
S'en est suivie une "fusillade longue et intense" avec les forces de l'ordre, arrivées sur les lieux en l'espace de quelques minutes, a indiqué le chef de la police de Virginia Beach, James Cervera.
Après avoir passé au peigne fin "une scène de crime horrible", les enquêteurs ont tenté, tout au long de la journée de samedi, de découvrir ce qui a pu motiver le tueur.
L'édifice municipal, théâtre de la tuerie est resté entièrement bouclé par la police. En plus des policiers locaux, des agents de la police fédérale (FBI) et des spécialistes en médecine légale accomplissaient leur travail dans cet imposant bâtiment.
Les autorités ont refusé d'indiquer si le tireur était, ou non, sous le coup d'une mesure disciplinaire au travail ou s'il avait des antécédents judiciaires, indiquant seulement qu'il n'avait pas été licencié.
La police a précisé qu'il était armé de deux pistolets de calibre .45 achetés légalement en 2016 en 2018, et rechargés à plusieurs reprises au cours de la fusillade. Deux autres armes ont été retrouvées à son domicile.
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Une voisine a confié à une chaîne locale du réseau CNN que DeWayne Craddock semblait être un "solitaire".
"Je ne l'ai jamais vu descendre les poubelles ou monter des courses, ni jamais vu personne entrer ou sortir de chez lui", a déclaré Cassetty Howerin.
Selon le site Gun Violence Archive, cette fusillade est la 150e depuis le début de l'année aux Etats-Unis -en 151 jours- ayant touché quatre personnes ou plus.
"C'est une atroce réalité", a réagi sur Twitter Gabby Giffords, ancienne élue, grièvement blessée par balle en 2011. "Et le fait que les dirigeants de notre nation ne parviennent pas à nous protéger devrait révolter tous les Américains".
Chaque fusillade meurtrière de grande ampleur relance le débat sur la régulation du port d'armes à feu, mais celui-ci tourne fréquemment à vide.