"Si on nous prive des sables de Aïn Diab, que nous reste-t-il ?", s'indigne un Casablancais rencontré à la célèbre plage de la métropole économique. Pour ce trentenaire qui fréquente cette plage depuis son bas âge, ce qui s'y passe est incroyable: "J'ai mon parasol et je n'arrive pas à l'utiliser. Car dès que je l'ouvre, des gars se dressent devant moi en me jetant un regard inquisiteur. Sinon, ils me demandent carrément d'aller voir ailleurs".
D'autres estivants ont exprimé devant le micro de le360 leurs indignation et colère quant à cette situation "désagréable". Une femme d'un âge respectable, accompagnée de ses enfants et petits-enfants, ne décolère pas. "Aïn Diab, moi j'y venais depuis que j'étais petite, au moment où tout autour il n'y avait presque rien de construit. On y passait d'agréables moments. Je me souviens que certaines familles ramenaient même des bonbonnes de gaz et leurs gamelles pour préparer leurs repas sur place. Aujourd'hui, je dois verser de l'argent à des personnes m'obligeant à louer leurs parasols et chaises", raconte avec dépit cette dame.
Le journaliste de le360 a également fait cette amère expérience. Allongé sur le sable, un gaillard n'a pas mis de temps pour venir s'incruster dans notre intimité, en se dressant entre les yeux et les pages d'un roman.
- "Monsieur, cette place est réservée aux parasols", a-t-il dit au départ avec un air plutôt sympa,
-Non merci, pas besoin.
Le ton du quidam monte alors d'un cran:
-"Cette place est réservée. Ou bien vous louez un parasol ou bien vous vous déplacez".
Se déplacer où, quand toute la plage est truffée de parasols ?
Pour un locataire de parasols, "c'est normal". L'homme (voir son témoignage dans la vidéo ci-dessous) dit sans sourciller qu'il a loué une parcelle de la plage et qu'il est logique de rentabiliser son "business". "Si je ne plante pas des parasols partout dans cette parcelle que j'ai louée, comment vais-je vivre, moi qui attends avec impatience l'été pour me faire un peu d'argent?".
Comment en était-on arrivé là ? Le Conseil de la ville de Casablanca lance chaque année des appels d'offres pour la location du domaine public de Aïn Diab. Les autorisations sont délivrées par une commission mixte composée notamment de représentants de la Commune de Casablanca et de la Sûreté nationale.
Les plus chanceux qui l'emportent louent à leur tour de petits lots de leur parcelle à des personnes "fiables" qui, elles aussi, les cèdent à des gérants..
Contactés par nos soins, pour en savoir un peu plus sur cette question de location de parcelles sur la plage de Aïn Diab, des responsables au sein du Conseil de la ville n'ont pas daigné communiquer.
En attendant, Ain Diab (source des loups) porte bien son nom.
Navrant!