C’est en mettant en relation des commerçants casablancais du marché de gros de Deb Omar et des sociétés chinoises qu’une mafia libyenne a réussi, à travers des factures démesurément gonflées, à engranger des sommes monumentales en devises (euro et dollar surtout), qu’elle écoule par la suite sur le marché noir marocain ou transfère en Europe.
Selon le quotidien Assabah du 21 novembre, il s’agirait d’une importante bande composée de Libyens résidant régulièrement au Maroc, mais en constante relation avec certains de leurs compatriotes installés en Chine, aux Emirats arabes unis, en Espagne et en Amérique latine.
Le modus operandi de cette mafia, sur son flanc marocain, est simple. Des commerçants de Derb Omar, à Casablanca, sont utilisés par certains résidents libyens au Maroc en vue d’importer des biens de Chine. Or, pour ce faire, les commerçants locaux doivent recourir aux services de l’Office de change pour avoir l’autorisation d’être servis en devises nécessaires à l’achat de leurs marchandises d’importation.
C’est là qu’intervient la première manigance des Libyens: la surfacturation, en bonne et due forme, des produits importés de Chine et de la zone franche de Jabal Ali aux Emirats.
Cette opération génère un important surplus de devises octroyées par l’Office marocain de change. Ce surplus est ensuite écoulé sur le marché noir des devises, et les bénéfices énormes ainsi engrangés servent à de nouvelles opérations d’importation montées avec les commerçants de Derb Omar en violation des droits d’import-export en vigueur au Maroc. Une partie de ces devises est même acheminée illégalement vers l’Europe, et surtout l’Espagne.
Selon les premiers éléments de l’enquête préliminaire, dans laquelle l’Office de change serait partie prenante, il pourrait s’agir d’une mafia aux ramifications internationales, dont feraient partie des intermédiaires égyptiens résidant aux Emirats. En effet, selon les sources d’Assabah, des comptes bancaires bien garnis, appartenant aux individus présumés membres de cette mafia et qui résident actuellement au Maroc, auraient été mis à jour dans nombre de banques espagnoles, voire latino-américaines.
Pour le moment, l’enquête des autorités financières marocaines est concentrée sur les activités d’import des commerçants de Derb Omar, mais aussi sur l’identification des présumés trafiquants libyens de devises. Un trafic dont il est également à craindre qu’il ait des soubassements terroristes, conclut Assabah.