C’est à la suite de la diffusion massive d’une vidéo à caractère sexuel à travers les applications de messagerie par les internautes marocain(e)s, que la police judiciaire de la ville de Tétouan a arrêté la jeune femme qui apparaissait dans cette vidéo et l’a placée en détention provisoire dans un premier temps. Quelques jours plus tard, le tribunal la condamnait à un mois de prison ferme principalement sur le fondement de l’article 490 lequel interdit les relations sexuelles hors mariage, or la femme qui apparait dans la sex tape est une femme divorcée.
«Hanaa est maman de deux enfants et vit dans une situation de précarité extrême. Elle a été victime d’exploitation sexuelle à des fins pornographiques par l’auteur de la vidéo qui a décidé, plusieurs années plus tard, de diffuser cette vidéo sans son consentement», s’insurge le mouvement marocain qui dénonce par ailleurs le fait qu’aujourd’hui, «c’est elle qui se retrouve en prison, tandis que l'auteur de ces infractions est en liberté». En effet, l’homme qui figure également sur la vidéo tournée il y a quatre ans, habite aux Pays-Bas et n’a pas fait l’objet d’un jugement à ce jour.
En organisant ce sit-in, le mouvement des hors-la-loi dénonce l’application faite de la loi marocaine, celle étant «supposée protéger les victimes comme Hanaa, et non pas les punir». En effet, rappelle l’association, «l’article 448-1 du code pénal punit l’exploitation sexuelle à des fins pornographiques de 5 à 10 ans d’emprisonnement et l’article 447-1, quant à lui, punit la diffusion de vidéos privées sans le consentement de la personne concernée de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement».
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«Mais que se passe-t-il dans la tête de ceux qui sont censés rendre la justice lorsqu’au lieu de la protéger, ils choisissent de la poursuivre et de la condamner elle, Hanaa, au visa de l’article 490?», s’interroge-t-on dans le communiqué. «C’est dire à quel point cet article est insidieux. C’est une arme entre les mains d’une justice complètement désensibilisée aux questions des violences faites aux femmes, de la protection de la vie privée et des libertés individuelles».
Pour rallier le mouvement et soutenir Hanaa dans sa procédure d’appel qui vise à faire tomber sa condamnation au titre de l’article 490, les Hors-la-loi invitent les citoyens marocains à poster sur les réseaux sociaux, ce mercredi 3 février, le #STOP490 sur un fond rouge, «symbole de sa participation au sit-in digital et à l’appel que nous lançons, tou.te.s ensemble, à l’abrogation pure et simple de l’article 490 du code pénal, afin d’en finir avec le sexisme systématique des institutions publiques et la mentalité patriarcale qui sévit dans notre pays».