Les « khalijis » sont férus de femmes marocaines, disait notre Dounia Batma nationale. Et pour cause, notre beauté les éblouit, et ils ne peuvent apparemment résister à notre chant de sirène. En atteste ce fait divers pour le moins amusant. L’héroïne est une trentenaire originaire de Safi. Leïla, de son prénom, est, comme beaucoup de jeunes de sa génération, présente sur les réseaux sociaux où elle multiplie les rencontres virtuelles. Il faut dire que la photo affichée sur sa page attire les prétendants qui ne peuvent que s’incliner devant sa beauté inouïe. Le problème, c’est que la photo n’est pas la sienne, mais celle d’une célèbre actrice indienne. Sur Internet, les usagers peuvent se servir sans se soucier des droits d’auteur. De Kate Moss à Megane Fox, vous pouvez vous faire passer pour n’importe quelle célébrité. Encore faut-il tomber sur un pauvre crédule. C’est le pari qu’a réussi Leïla.
Sa photo-appât a fait tourner la tête de ce haut cadre saoudien d'une cinquantaine d'années. Un «poke», une invitation, puis une discussion s’engage. Au fil des échanges, Leïla, au charme ravageur plutôt indien, séduit le «khaliji» frappé par la flèche de Cupidon. Ils en arrivent à parler mariage rapidement. Et quand on aime on ne compte pas, dit l’adage. Pour choyer sa dulcinée, le Saoudien n'a pas lésiné sur ce point. Certains transferts à Leïla, au nom de sa mère, atteignaient les 200.000 dhs. Leïla avait aussi le don de convaincre. Son amoureux était persuadé que l’argent qu’il envoyait servait à la préparation des noces et à l’acquisition d’un salon de coiffure. Pour éviter le risque de voir s'installer le moindre doute, elle avait pris soin d’envoyer à son amoureux transi les photos d’un centre d’esthétique casablancais. Les jours passent et le Saoudien est de plus en plus épris.
Il se rend au Maroc, où il doit rencontrer sa «fiancée» pour conclure l’acte de mariage. Leïla, ayant menti sur son aspect, ne voit pas d’autre issue que de s’évaporer. Elle éteint son téléphone et reste injoignable sur les réseaux sociaux. Et l'homme réalise soudain qu’il avait été victime d’une escroquerie. Il tente de récupérer son argent en déposant une plainte contre sa prétendue fiancée. Les justificatifs des transferts d’argent ont été suffisants pour mettre la main sur Leïla et sa mère, qui ont été arrêtées par la police. Leur interrogatoire a révélé que la jeune femme, en situation précaire, avait utilisé l’argent pour payer un pas de porte à sa famille et aider son frère à construire sa demeure. Leur sort est à présent entre les mains du tribunal. Amour, quand tu nous tiens…