"Au Maroc, même si des efforts certains en matière d'assainissement ont été consentis, une personne sur trois n'a pas accès à des toilettes décentes, 34% de la population rurale ne disposent pas d'installations sanitaires sans risques et 6.000 écoles manquent d'équipements d'hygiène, ce qui provoque l'abandon scolaire des petites filles", a déploré la présidente de l'association, Farida Jaïdi, lors d'une table ronde, organisée sous le thème "Les toilettes et l'assainissement, un défi dont nous ne mesurons pas encore toute l'importance".
Elle a également fait observer que les villes manquent, elles aussi, de toilettes publiques et que quand elles existent, leurs conditions hygiénique et sanitaire sont déplorables, notant que "plus les citoyens évolueront dans un environnement propre et sain, plus leur comportement en ressentira et se transformera en un comportement propre et respectueux".
La présidente de l'EWA a, par ailleurs, indiqué que l'investissement dans l'accès à l'assainissement en général et aux toilettes propres et dignes pour tous permettrait un gain d'au moins 3% du Produit intérieur brut (PIB) lié à l'accroissement de la productivité à l'école et au travail, appelant, à cette occasion, les autorités gouvernementales, les collectivités territoriales, les établissements d'assainissement, le secteur privé ainsi que les simples usagers à œuvrer ensemble en vue de venir à bout de ce problème, et ce à travers une action concertée.
De son côté, le représentant de la commune de Rabat, Younes Benckekroun, a rappelé, à cet égard, que le Conseil communal de la capitale travaillait à l'élaboration du cahier des charges d'un projet de création des toilettes publiques afin de doter la ville de sanitaires conformes aux normes en vigueur.
Il a de même souligné l'importance et la nécessité urgente de revoir la répartition géographique pour déterminer l'implantation des toilettes publiques et les lieux à forte fréquentation.
Younes Benchekroun a, en outre, fait savoir que la commune de Rabat prévoit l'organisation, à partir de la semaine prochaine, d'une campagne pour évaluer l'état et le niveau de propreté des toilettes publiques des établissements publics et privés.
Cette table ronde a été l'occasion d'éveiller les consciences aux différentes problématiques liées au manque de toilettes publiques au Maroc et de souligner l'importance d'assurer à tous l’accès à des sanitaires d'ici 2030. Elle a également permis de partager les expériences de la Chine et de l'Inde en la matière, tout en abordant les problèmes et défis liés à l'eau et à l'assainissement auxquels ces deux pays font face.
Au programme de cette rencontre figurent également la présentation d'une étude de l'hygiène des toilettes publiques réalisée par des étudiants de l’École nationale de commerce et de gestion (ENCG) qui démontre les risques qui découlent du manque des toilettes publiques, la projection d’une capsule vidéo sur le sujet et la présentation d’une start-up de toilettes sèches.
Le 19 novembre a été proclamé par l'ONU "Journée mondiale des toilettes" pour sensibiliser les citoyens à ce problème, jusqu’alors plus ou moins tabou, difficile et délicat à aborder, et pour inciter les gouvernements et les responsables à le traiter avec détermination et rigueur.