Un djihadiste marocain repenti revient à la charge

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Revue de presseKiosque360. L'hebdomadaire Alaan rapporte l'histoire d'un jeune djihadiste marocain revenu de l'enfer syrien. L'histoire d'une rédemption en sursis.

Le 12/09/2014 à 06h27

Mohamed Yassine Chiiri, 22 ans, est parmi ces djihadistes marocains partis en 2011 combattre en Syrie. Après un séjour de 3 mois, il est rentré au Maroc sous les pressions qu'exerçaient sur lui des membres de sa famille notamment un cousin. Un retour qui a coûté des millions, selon un membre de sa famille qui précise que le transfert de Chiiri d'un camp d'entrainement vers les frontières turco-syriennes n'était pas aisé. Mais c'était chose normale, toutes les familles ayant des enfants dans cette zone de conflit font le maximum pour les récupérer. Arrivé à l'aéroport Mohammed V de Casablanca, Chiiri a passé les frontières sans encombres. Pour qu'il cesse d'être surveillé par les services de sécurité, il devait tourner la page et oublier tout qu'il a vécu et tous ceux qu"il a connus en Syrie. Son cousin, étant parmi ceux qui ont négocié son retour, a tenu à ce que le repenti se soumette à cette condition. En vain. Très peu de temps, après son retour, Chiiri a renoué avec ses anciens acolytes via Facebook et leur a exprimé ses regrets d'être retourné au Maroc.

Le 2 août 2012, la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) frappait à sa porte. Il s'est réveillé en prison. Il a crié au complot et remis en question les PV des interrogatoires. Après plusieurs mois passés à la prison de Salé, il a retrouvé la liberté et continué à dénoncer l'injustice dont il a été victime, selon lui, arguant qu'il était en voyage en Turquie pour choisir de la marchandise qu'il voulait importer, qu'il n'a jamais passé les frontières syriennes et qu'il n'a jamais participé aux combats. Sauf qu'une semaine après sa relaxe, il est entré en contact avec Mohamed Mokhtar Chaoui, un jeune djihadiste de l'organisation d'Abou Bakr el-Baghdadi. Ses discussions avec ce dernier reflétaient le contraire de ce qu'il clamait haut et fort. "Vous me manquez... je serai de retour prochainement", lui a-t-il déclaré sur Facebook.

Recruteur pour le compte de Daach

Ni le look, ni les convictions de Chiiri n'ont changés après la case prison. Son temps était partagé entre son travail dans un marché de Fnideq et ses discussions interminables avec les djihadistes sur Facebook. Le journaliste d'Alann qui l'avait rencontré à maintes reprises après sa libération, a remarqué qu'il ne manifestait aucun regret et n'aimait pas s'étaler sur son séjour en Syrie ni sur son expérience de la prison. Chiiri, qui a prêté allégeance à Abou Bakr el-Baghdadi, a continué à faire son petit bonhomme de chemin sans que les autorités ne lui reprochent quoi que se soit alors que les porteurs du même projet étaient arrêtés. Il a fini par devenir cette exception qui a encouragé plusieurs djihadistes à penser au retour. Mais lui, il ne lâchait pas prise. Quand son retour en Syrie a été contrarié, il n'a jamais été avare en informations au profit de ceux qui veulent s'y rendre.

En août dernier, quand les autorités ont renforcé le contrôle sur les départs des jeunes djihadistes en Syrie, Chiiri s'est transformé, selon la police, en recruteur pour des cellules locales de Daach. Il était donc normal qu'il finisse comme tous ceux qui ont les mêmes projets que lui. Il s'est de nouveau retrouvé dans la prison de Salé. Son cousin qui était parmi ceux qui ont négocié son départ, s'est retrouvé lui aussi derrière les barreaux pour un autre motif. Il faisait partie dune bande criminelle impliquée notamment dans des vols.

Par Fatima Moho
Le 12/09/2014 à 06h27