Un réseau de traites d’êtres humains en Espagne vient d’être démantelé. Selon le quotidien Assabah qui rapporte l’information dans son édition du lundi 3 avril, les membres du réseau ciblent plus particulièrement les immigrés clandestins marocains vivant dans ce pays qu’ils enlèvent pour les «vendre» ensuite à des agriculteurs espagnols.
Un immigré mis à la disposition des agriculteurs du Sud de l’Espagne peut rapporter au réseau maffieux pas moins de 30.000 dirhams par mois, affirme le quotidien.
Selon Assabah, cette affaire a commencé avec l’interpellation par les services de sécurité espagnols d’un agriculteur qui a été soupçonné de liens avec ce réseau. Il a été accusé de divers délits et crimes envers des ressortissants marocains vivant en Espagne. Il est ainsi accusé d’enlèvement, de menaces, de viol et d’autres faits ayant trait aux droits de l’Homme.
L’enquête ouverte après cette arrestation a mené, souligne le quotidien, à l’existence de liens entre le mis en cause et un réseau d’exploitation des ouvrières agricoles marocaines dans les champs et les fermes espagnols. Selon Assabah, il aurait l’habitude d’enlever et de séquestrer les ouvrières marocaines. Sa dernière victime a été séquestrée pendant un mois, durée pendant laquelle elle a subi des sévices sexuels de manière continue.
Toujours selon les éléments de l’enquête, poursuit le journal, le mis en cause a enlevé la victime et l’a enfermée dans un enclos à bétail. Il l’a forcée à travailler dans les champs pendant la journée dans des conditions inhumaines. La nuit, il l’emmenait de force chez lui pour lui faire subir tout genre de sévices sexuels. Ce n’est qu’après que l’un des proches de la victime ait signalé sa disparition que les services de sécurité ont entrepris leurs investigations et pu la retrouver. Elle a été admise dans un hôpital.
Les services de sécurité ne se sont pas arrêtés à ce niveau. Une enquête poussée a été entreprise, ce qui permis aux enquêteurs d’établir des liens entre ce même agriculteur et le réseau de traite des êtres humains. Les investigations ont révélé qu’une fois les immigrés clandestins arrivés sur le sol espagnol, sans doute avec l’aide des membres du réseau, ils remettent leurs documents personnels à ces derniers. Ils sont ensuite hébergés dans des locaux aménagés à cet effet.
Leurs conditions de logement sont inhumaines, souligne le quotidien. Il s’agit plutôt de séquestration puisqu’ils sont interdits de tout contact avec le monde extérieur. Ils sont envoyés par la suite dans des champs où ils travaillent de nombreuses heures chaque jour dans des conditions similaires à celles de l’esclavage. Pire encore, les membres du réseau, aidés en cela par un cabinet de conseil, vont même jusqu’à créer des sociétés au nom de leurs victimes et arrivent à transférer leurs gains dans d’autres pays.