«Tout est permis»: les dangers de TikTok pour les jeunes, selon l’expert en communication digitale Marouane Harmach

Marouane Harmach, expert en communication digitale.

Le 15/10/2023 à 15h43

VidéoLes réseaux sociaux ont pris un virage dangereux avec TikTok, met en garde Marouane Harmach, expert marocain en communication digitale, dans cet entretien avec Le360.

Le réseau social TikTok a de plus en plus de fans au Maroc. Sur cette plateforme, certains utilisateurs font fructifier leurs revenus en encourageant leurs followers à voter pour eux durant les lives (directs). En effet, sur TikTok, les émojis sont des monnaies virtuelles convertibles.

Ce moyen rapide et facile de gagner de l’argent séduit de nombreux jeunes, et les Marocains ne sont pas en reste. Mais l’expert en communication digitale Marouane Harmach y voit plus d’inconvénients que d’avantages. Selon lui, les réseaux sociaux ont pris un virage dangereux avec TikTok.

«Avant, le divertissement sur internet était professionnel. Il était l’œuvre de personnes ou d’institutions dont le digital était la spécialité. C’était fait par des connaisseurs, mais aujourd’hui la donne a changé», explique-t-il dans un entretien avec Le360.

Le phénomène TikTok, qui a commencé en Chine avant de conquérir le monde, plonge ses utilisateurs dans une sorte de cercle vicieux. «Souvent, le contenu est futile et ne respecte aucune éthique. L’objectif pour les utilisateurs est de faire fructifier leur revenu et tout est permis», poursuit Marouane Harmach.

Ce dernier déplore notamment la négligence de nombreux utilisateurs de TikTok au Maroc. «Ces gens oublient que leurs vidéos et photos resteront pour toujours sur internet et que des extraits sont repris plusieurs fois sur tous les réseaux sociaux.»

Si la majorité des utilisateurs de TikTok ne communiquent pas sur leur revenu, les gains avoisine les 500 dirhams par jour et les impôts ne sont pas déduits, selon Marouane Harmach, qui rappelle que la nouvelle politique nationale stipule que toute personne ayant un revenu sur un réseau social doit participer à l’effort national et payer ses impôts.

«Mais le problème, c’est que le niveau des revenus descend. Avant, les influenceurs recevaient jusqu’à 30.000 dirhams par mois, mais ça a baissé, car (...) les réseaux sociaux se sont démocratisés. Avec TikTok, il n’y a plus de barrière à l’entrée, donc la futilité a gagné du terrain et c’est très mauvais pour l’image du pays», dénonce Marouane Harmach.

Notre expert considère que le phénomène TikTok au Maroc illustre quelque part l’échec à pouvoir créer du divertissement ciblé. Résultat: «Les gens cherchent le divertissement de très mauvaise qualité, où le non-respect de la dignité humaine est devenu presque la règle.»

Un autre problème de taille, selon Marouane Hamach, est le référentiel biaisé qui est transmis aux jeunes d’aujourd’hui qui finiront par croire, à tort, qu’il est inutile de travailler pour gagner de l’argent. Et de conclure: «C’est un raccourci et ça s’imprime dans le cerveau des jeunes.» Malheureux.

Par Ghania Djebbar et Adil Gadrouz
Le 15/10/2023 à 15h43