Benkirane n'a pas brillé, le 8 juillet, sur Al Oula où la transmission en direct de la présentation de son bilan à mi-mandat au Parlement a douloureusement accusé le taux d'audience agonisant de 5%. Evité de justesse, l'encéphalogramme plat! La faute à la Coupe du monde? C'est la première explication à laquelle nous avons eu droit, le chef du gouvernement étant intervenu tardivement, à 22h, juste après le match de demi-finale Brésil-Allemagne. C'était quand même après le match. Et c'était surtout avant les nouvelles explications de Bassima Hakkaoui, ministre de la solidarité, de la femme et du développement social, il est en l'occurrence utile ici de le souligner.
Pourquoi un tel faible d'audience? Tout bonnement, explique-t-elle en réponse à une question posée dans le cadre d'une émission Radio Luxe, diffusée mercredi, "parce que les gens éduqués étaient à la mosquée pour les prières des tarawihs, et qu'il n'y avait devant la télévision que les femmes et les domestiques". Nous avions oublié de vous demander de vous accrocher avant de vous asséner cette brutale nouvelle qui commence déjà à faire trembler de rage sur les réseaux sociaux. Une nouvelle intéressante à plusieurs niveaux: on y apprend que les femmes sont donc incultes, en plus d'être sans foi, l'un n'allant apparemment pas l'un sans l'autre; on y apprend aussi que lesdits "domestiques" sont une sorte d'extra-genre n'appartenant à aucune espèce connue ou reconnue.
Une bonne nouvelle quand même: on croyait la moitié de la population marocaine dans les cafés devant les grands écrans: non, elle était à la mosquée. 95% de l'autre moitié ont trouvé le moyen, après une journée de travail et de jeûne et de préparation du ftour et soins aux enfants, de s'octroyer un autre moment cathodique que celui offert par Abdelilah Benkirane. Il reste ces 5% auxquels on ne croyait plus: soit le taux de femmes "éduquées" au Maroc. Contre 100% pour les hommes. On s'étonnera de l'omission de la soustraction du plus petit 0,1% de politesse, oublié de surcroît par une femme. Merci, Madame la ministre de la solidarité, de la famille et du développement social.