Le phénomène n’est pas nouveau et semble même être devenu une activité à plein temps pour certains qui y voient un moyen de gagner de l’argent facile et détruisent, souvent, des vies au passage. Dans son édition du week-end, Al Akhbar passe ainsi au microscope une des pages Facebook les plus actives dans ce créneau: "Akbar Al Majanin", ou littéralement, "Les plus grands forcenés". Une page bien rodée sur laquelle les administrateurs publient, sans vergogne, les sextapes d’une multitude de personnes qu’ils ont réussi à piéger par la ruse. Parmi les vies que ces "forcenés", qui portent bien leur nom, ont réussi à briser, celle d’une jeune fille de Mohammedia. Une jeune fille qui, d'après son entourage, était une élève studieuse et brillante dont ce compte Facebook a fait la malheureuse héroïne d’une vidéo où on peut la voir au lit avec son fiancé. L’enregistrement, qui a fait le tour du web, a même poussé la police à convoquer la jeune fille et ses parents pour un interrogatoire. Depuis, elle a quitté sa ville natale pour une ville de province où elle tente de poursuivre sa scolarité, luttant contre l'état dépressif dans lequel elle est tombée.
Les administrateurs de la fameuse page ont une stratégie bien pensée, comme le relève Al Akhbar. A tel point que, lorsque le réseau social bloque ou désactive la page incriminée, une nouvelle réapparaît aussitôt où les internautes peuvent retrouver des liens les renvoyant vers une soixantaine de vidéos à caractère pornographique. Le journal affirme par ailleurs que, pour chaque vidéo visionnée, l’administrateur touche 50 DH, sachant que le nombre de visiteurs a dépassé les 10.000 personnes. Aussi, sur une photo publiée sur la page, l'administrateur pavoise en exhibant un fleuve de billets de banque et des cartes de crédits qu'il affirme être le fruit d’internet. Fierté mal placée et pour le moins indécente quand, de plus, ces vidéos pornographiques mettent en scène des actes de zoophilie et autres déviances sexuelles, quasiment toutes made in Morocco.
La multiplication de ces pages est inquiétante. Ainsi, le mois dernier, la police judiciaire de Oued Zem a arrêté un réseau spécialisé dans ces activités après le suicide d’une de ses victimes que les administrateurs faisaient chanter et qui s'est retrouvée dans l'incapacité de leur verser les sommes exigées. Toutefois, d’autres bandes sont toujours actives. Et le tabou que constitue la sexualité dans notre société ne facilite en rien ni le travail de sensibilisation des internautes quant aux dangers du net, ni la dénonciation de telles pratiques.