S’il n y a pas pénurie de médicaments, il y a péremption, tel est l’état des officines des hôpitaux publics! En effet, les pensionnaires du pavillon 23 de l’hôpital Ibn Rochd se sont vu administrer des traitements périmés, notamment le Truvada, l’un des principaux antirétroviraux prescrits dans le traitement du VIH. Un dysfonctionnement qui soulève moult interrogations sur le circuit de gestion et de distribution des médicaments au sein des CHU du royaume. Pour rappel, l’hôpital Ibn Rochd n’en est pas à son premier couac. Indicateurs de performance au rouge, le réquisitoire contre le centre hospitalier est impressionnant. La Cour des comptes a épinglé cet établissement, lui reprochant sa productivité quasi nulle, son manque de personnel, son hygiène insuffisante et la distribution de médicaments périmés.
En l’absence d’un système d’information adapté, les malades restent dans l’appréhension et se demandent si les médicaments administrés n'engendreraient pas des complications sanitaires. Ce qui peut faire échouer une thérapie médicamenteuse et mettre en danger la santé des personnes vivant avec le VIH. Pour sa part, la pharmacie centrale de l’hôpital se veut rassurante auprès de ces patients inquiets. L’officine a émis une note assurant que la prise de ces médicaments ne représente aucun danger pour leur santé. Ce scandale n’est que la face cachée de l’iceberg et soulève la question des dysfonctionnements dans la prise en charge en général des patients hospitalisés, et plus particulièrement ceux infectés par le VIH, qui font souvent l’objet d’une prise en charge anarchique et inadéquate.
La question de la mauvaise gestion de la distribution médicamenteuse est d'une actualité brûlante. Ce cas inadmissible de distribution de médicaments périmés n'est pas isolé. Récemment, une pénurie de médicaments pour les personnes souffrant de troubles psychiques et de cancer a entraîné l’aggravation de l’état de santé de plusieurs malades dont certains ont sombré dans le coma, d'autres dans l’hystérie.