Scandale: chantage sexuel à l'université de Tétouan

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Branle-bas de combat à la faculté des sciences de l'université Abdelmalek Essaadi de Tétouan. Les étudiants dénoncent le chantage sexuel qu'exercent les professeurs sur leurs camarades féminines. A l'origine du mouvement de protestation, des publications sur Facebook.

Le 28/04/2017 à 18h08

Le chantage sexuel qui a cours au sein des universités marocaines est un secret de polichinelle. Tout le monde sait que le phénomène existe même si les étudiantes qui en sont victimes n’en parlent pas ou très peu et toujours en cercle restreint. Souvent, elles sont acculées à l’acte sexuel en échange d’une bonne note.

Jeunes et souhaitant en finir au plus vite avec des années d’études menées dans des conditions difficiles, désireuses de s'éviter l'épreuve d'un échec à l'examen, elles sont tentées de céder à la pression constante qu'exerce sur sur elles un professeur symbole d'"autorité". 

Ce 28 avril, la faculté des sciences de l’université Abdelmalek Essaadi à Tétouan vit toutefois sous le coup de révélations qui entachent la réputation de son corps professoral. Les étudiants crient au scandale en manifestant toute la journée.

Sur les réseaux sociaux et notamment Facebook, une étudiante de cette faculté a jeté un pavé dans la mare. Elle publie des photos d’un professeur universitaire qu’elle accuse de l’avoir forcé à des ébats sexuels contre l’obtention d’une bonne note à l’examen. Les faits remontent à 2015. Si l'histoire n'éclate qu'aujourd'hui, c'est parce que la jeune femme qui crie au chantage sexuel a finalement obtenu sa licence. Bref, elle ne risque plus rien.

La jeune femme publie également sur Facebook ses échanges avec son agresseur. Notamment, le moment de la négociation. Entre propos à connotation sexuelle et fixation d’un barème des notes, la discussion est sans équivoque.

L'étudiante précise par ailleurs que ce professeur enseigne l’algèbre à la faculté des sciences de Tétouan et qu'il pousse des étudiantes à céder à ses avances en échange de meilleures notes.

Le360 a tenté en vain de joindre les deux personnes concernées par cette affaire. 

Le360 s’est ensuite dirigé vers l’administration de l’université Abdelmalak Essaadi afin de recueillir davantage d’informations. Toute question s’est heurtée au silence.

Toutefois, une source autorisée au sein de l’établissement a confié à le360, sous couvert de l'anonymat, que l’université avait ouvert une enquête, puisque la polémique enfle, mettant aux prises les étudiants au corps professoral.

Nous apprenons également d’autres sources, que la direction de l’université a déposé des plaintes auprès des services de police de Martil et de la préfecture de police de Tétouan, afin qu’ils diligentent une enquête sur cette affaire.

Le360 a également pris contact avec un enseignant de l’université. Celui-ci n’a émis que ce seul commentaire: «seules les autorités sont aptes à déterminer la véracité de ces faits».

En revanche, auprès des étudiantes, l'heure est à la dénonciation. Elles réclament au doyen de l’université, Houdaïfa Amziane, l’ouverture d’une enquête. Elles précisent qu’elles sont traumatisées par l’existence de ses pratiques «immorales» et «illégales» impliquant plusieurs professeurs, notamment à Martil. Bref, les langues se délient.

Mais au moment où nous mettons en ligne, la direction de l’université n’a encore pris aucune mesure à l’encontre du professeur soupçonné de chantage sexuel.

Par Said Kadry
Le 28/04/2017 à 18h08