Depuis qu’un bras de fer a été engagé entre les médecins et l’ancien ministre de la Santé, il a été question de la démission de centaines de praticiens exerçant dans le secteur public. Aujourd’hui, on en sait un peu plus sur le nombre exact de médecins ayant quitté la fonction publique. Une chose est sûre, nous sommes loin des chiffres annoncés ici et là. D’après le nouveau ministre, son département a, en effet, en 2019, accepté seulement quatre démissions, présentées par des médecins d'hôpitaux publics, sur un total de 183 demandes. Le ministère de la Santé a également accepté sept autres démissions sur la base de jugements judiciaires, a précisé Khalid Ait Taleb qui répondait à une question orale à la première Chambre.
«Les ressources humaines sont placées au cœur du système de la santé et il est impératif de procéder à une refonte de ce système dans l'esprit d'une plus grande motivation des ressources humaines », a notamment affirmé le ministre, cité par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du jeudi 5 décembre.
D’un autre côté, note le quotidien, des sources relevant du secteur assurent que pas moins de 1.300 lettres de démissions ont été déposées auprès des services du département de la Santé. Il s’agit, expliquent les mêmes sources, aussi bien de démissions individuelles que collectives. Cela au moment, relève Al Ahdath Al Maghribia, où le Maroc enregistre un déficit de pas moins de 7.000 médecins dans le secteur public. Les lauréats des facultés de médecine, avance le quotidien, préfèrent plutôt exercer dans le secteur privé ou carrément aller s’installer à l’étranger.Ainsi, relève une étude réalisée par l’ordre des médecins en France, les Marocains représentent 11,5% des médecins étrangers exerçant dans l’Hexagone. Déclinés selon les spécialités, les chiffres de cette étude indiquent que 16% des chirurgiens et 14% des psychiatres étrangers exerçant en France sont des Marocains.
Par ailleurs, pour contrer les effets de cette hémorragie, les autorités marocaines chargées du secteur ont recouru à la contractualisation des étrangers. Le gouvernement a donc signé des contrats de travail avec des médecins sénégalais pour faire face au manque en cadres médicaux qu’enregistrent les hôpitaux publics, affirme le quotidien. Ces derniers ont, en effet, été désertés par les médecins marocains qui, bénéficiant d’un régime migratoire encourageant adopté par les pays européens, préfèrent partir. Même ceux qui ont préféré rester au pays refusent d’exercer dans les centres de santé ruraux.
C’est d’ailleurs pour cela, note le quotidien, que le Maroc a longtemps fait appel aux médecins chinois, par exemple, pour aider à faire face à la demande de soins, surtout hors du périmètre urbain. C’est ainsi que 1.722 médecins originaires de l’Empire du Milieu ont officié dans les hôpitaux du Maroc durant ces 42 dernières années.