Au moins septhôpitaux sur dix, à travers le pays, ne sont pas en condition de recevoir les patients et encore moins de les soigner. La situation est encore plus grave lorsqu’il s’agit des centres spécialisés en psychiatrie et maladies mentales. Tels sont les résultats d’un rapport du Réseau marocain pour le droit à la santé, repris par le journal Assabah dans son édition du jeudi 16 février.
Le rapport note également que 95% des personnes disposant d’une couverture médicale préfèrent les cliniques privées. Ainsi, affirme le journal, seuls les citoyens en situation précaire, notamment ceux détenant la carte du RAMED, continuent à fréquenter les hôpitaux publics. A noter cependant, souligne le quotidien, que 76% de ces derniers supportent eux-mêmes certains frais censés être gratuits. Ce qui est scandaleux, estime le quotidien. En outre, cette répartition inégale entre le public et le privé fait également que 82% des dépenses des compagnies d’assurance vont au secteur privé, alors que seuls 6% de ces montants finissement dans les caisses des hôpitaux publics.
Cette situation, la pire qu'aient connue nos hôpitaux sur ces cinq dernières années, a fait reculer tous les indicateurs classiques du système de santé. Ainsi, affirme le journal qui cite le rapport du Réseau, le taux de mortalité des femmes durant l’accouchement a augmenté. Par ailleurs, on note le retour de certaines maladies endémiques comme la tuberculose qui a causé la mort de pas moins de 3.200 personnes l’année dernière.
Ali Lotfi, président de l’association, a donc tiré la sonnette d’alarme et a alerté, notamment, sur le taux de contamination dans les hôpitaux. Ce taux, qui renseigne sur la propagation des virus et bactéries dans les centres de soins, est normalement de 7%. Or, dans nombre d'hôpitaux publics, il dépasse 33%.Pire encore, note ce syndicaliste doublé d’un acteur associatif, la dégradation des structures d’accueil dans les hôpitaux publics pousse les médecins à les déserter. Ainsi, sur ces cinq dernières années, les Centres hospitaliers universitaires ont connu la démission de pas moins de deux cents médecins. Le CHU de Rabat, à lui seul, a connu quelque quatre-vingt-dix démissions de médecins spécialistes qui sont allés rejoindre le secteur privé.