Comme il fallait s’y attendre, l’interrogatoire des quatre avocats poursuivis dans le cadre de l’affaire de l’intermédiation qui a secoué la capitale économique ne sort pas de l’ordinaire. Les quatre juristes se sont contentés de nier les accusations retenues contre eux lors de leur comparution jeudi dernier devant la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du week-end des 2 et 3 mars.
C’est également ce qu’ont fait les deux procureurs du Roi poursuivis dans le cadre du même procès. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des personnes impliquées dans cette affaire. Ainsi, toutes les déclarations versent dans le même sens: innocenter les magistrats et les avocats poursuivis dans le cadre de ce procès. Les regards sont donc désormais braqués sur l’huissier de justice, considéré comme la boîte noire de cette affaire, souligne le quotidien.
Dans les couloirs du tribunal, tout le monde s’impatiente d’entendre les déclarations de cette personne, la dernière des 48 individus impliqués, considéré comme le pivot de cette affaire. En effet, tous les chefs d’inculpation retenus contre les personnes poursuivies dans ce procès sont basés sur le contenu des conversations qu’il a tenues avec les avocats, après une mise sur écoute ordonnée par le Parquet.
Ce sont ces mêmes conversations qui ont fait tomber plusieurs magistrats en poste à la Cour d’appel de Casablanca et qui, comme le veut la procédure, ont été déférés par la juridiction de même niveau à Rabat. L’un de ces magistrats, poursuit le quotidien, a bénéficié d’un non-lieu alors qu’un autre a été acquitté. Deux autres magistrats ont été condamnés à de la prison ferme. C’est aussi le cas de plusieurs avocats, des procureurs du Roi, d’un fonctionnaire et de nombreux intermédiaires dont le procès se poursuit.
Les investigations menées dans le cadre de cette affaire ont montré que des intermédiaires cités dans ce procès ont noué des contacts avec des magistrats, des avocats, des fonctionnaires du tribunal et des auxiliaires de justice et qu’ils ont usé de ces relations pour escroquer les personnes ayant ces affaires en justice.
D’après Assabah, cette affaire promet encore des surprises. En effet, une partie du contenu des conversations enregistrées est claire tandis qu’une autre partie est sujette à de multiples interprétations. D’après l’enquête, et sur la base des déclarations des mis en cause, il a été établi que l’huissier de justice, actuellement en détention à la prison d’Oukacha à Casablanca, aurait intercédé dans au moins une cinquantaine d’affaires.