Malgré un statut et des conditions de travail dûment négociés avant leur arrivée en Espagne pour y travailler dans la cueillette saisonnière des fraises, les ouvrières marocaines vivent une situation de quasi-esclavage. Et ce ne sont pas les quatre dernières plaintes, déposées récemment par ces ouvrières auprès de la police espagnole, qui diront le contraire.
En effet, selon le quotidien Al Massae de ce mercredi 29 mai, c’est un journal espagnol qui vient de publier les témoignages de quatre ouvrières marocaines, qui se plaignent surtout de harcèlements sexuels permanents et d’incitations à la prostitution de la part du personnel de la société «Las Posadillas», l’une des plus grandes entreprises espagnoles opérant dans le secteur des fruits rouges, et dont le siège se trouve à Moguer, dans la province andalouse de Huelva.
Dans leurs témoignages sur les abus sexuels dont elles sont victimes depuis leur arrivée sur place, les ouvrières marocaines n’ont pas indexé une personne en particulier, de crainte de représailles, mais le journal espagnol croit savoir que ce sont leurs chefs directs qui en seraient directement responsables. Car, de fil en aiguille, on apprend que ces ouvrières travaillent au-delà de leur capacité physique et donc des horaires convenus avec leur patron, sans droit au paiement des heures supplémentaires. Cela sans parler de la confiscation de leurs salaires et autres passeports qui ne leur sont remis qu’au moment de leur retour au Maroc, en vue d'entraver leur liberté de mouvement.
Al Massae ajoute, par ailleurs, que leurs conditions d’hébergement sont inhumaines et s’apparentent à une prison surpeuplée, car elles sont en général 18 ouvrières à partager ou à s’entasser dans une même chambre, sans chauffage, sans transport pour se rendre sur les lieux de travail, et sans structure médicale de proximité.
Mais le salut peut venir de la justice espagnole, saisie en appel et qui va rappeler à la barre plusieurs ouvrières marocaines pour témoigner de la maltraitance qu’elles subissent sur les lieux de travail. Une maltraitance qualifiée d'inhumaine par un récent rapport espagnol, qui fustige le fait d’empêcher ces ouvrières de jeûner le Ramadan, un droit pourtant consigné dans leur contrat de travail, mais que leurs patrons espagnols ont violé sous prétexte que le jeûne diminue leur force de travail et donc leur productivité.