C’est le grand retour de Driss Jettou à la Une de la presse nationale ce mardi 10 septembre. Cette fois-ci, l’ancien Premier ministre revient sur la scène médiatique avec la casquette de patron de la Cour des comptes. Sa première intervention en tant que président de cette Cour portera sur la réforme de la retraite. Et quand l’initiateur lui-même en parle… ses propos sont accueillis avec beaucoup d’intérêt et, surtout, ne manquent surtout pas de défrayer -ou d'effrayer- la chronique.
Dans ce rapport, souligne le quotidien Les Eco, Jettou "rappelle l’urgence" de cette fameuse réforme. "Il présente un rapport des plus alarmistes, surtout en ce qui concerne la CMR, et avance une réforme paramétrique précise ainsi que les contours détaillés d’une réforme systématique plus qu’attendue", résume le journal. Il faut dire que "les engagements non couverts des différents régimes ont atteint pas moins de 813 milliards de DH", ajoute pour sa part Assabah pour qui la situation de la CMR est des plus inquiétantes. Et Al Alam de préciser en Une que ce "déficit au niveau des trois caisses de retraites commencera à partir de 2014 et devrait persister jusqu’en 2021 et 2022".Dans le document publié donc en début de semaine, Jettou présente "sa recette" comme le titre Aujourd’hui le Maroc. Ce rapport "choc" sur la retraite propose par ailleurs "une intervention chirurgicale pour la réforme", poursuit Assabah. Une proposition qui consiste en clair à "augmenter l’âge de la retraite à 65 ans et commencer la réforme à partir de cette année", poursuit le journal. A lire Aujourd’hui le Maroc, il est également question d’une "réforme progressive à travers une première phase axée sur la réforme paramétrique qui devra préparer le terrain à une deuxième phase basée sur une refonte du système entier".
En attendant le courage politique...
Il est clair que "l’inefficacité et la situation difficile que connaissent certains régimes de retraite requièrent aujourd’hui le lancement d’une réforme profonde sur les court, moyen et long termes", ajoute Al Bayane. Et si, comme le conclut le rapport de Jettou, "la mise en place de régimes spécifiques gérés par des organismes dédiés pouvait être envisagée", il est évident qu’il faudrait également une bonne dose de courage politique pour prendre le taureau par les cornes.
Ce n’est pas le premier rapport qui vient pointer du doigt le système des retraites au Maroc et alerter le gouvernement quant à l’urgence de la réforme. La Banque mondiale y est allée de ses recommandations, proposant notamment de transférer à l’Etat la dette qui pèse sur le secteur, à charge aux finances publiques ensuite d’étaler son remboursement en fonction de ses capacités budgétaires. Pas plus tard qu’en décembre 2012, le Haut-commissariat au plan (HCP) publiait un rapport sur "la soutenabilité des systèmes de retraite". Selon ce document, "la situation financière des systèmes de retraite sera encore plus affectée dans l’avenir en raison de la transition démographique avancée au Maroc et du changement profond qu’il produit dans la pyramide des âges". D’ici 2050, le nombre de personnes âgées au Maroc devrait pratiquement quadrupler pour passer à 10,1 millions de personnes qui auront pour beaucoup besoin de leur retraite. Le gouvernement Benkirane aura-t-il le courage nécessaire pour mettre la main dans le cambouis et prendre les choses en main ?