Ces deux réunions ont pour objectif d’unifier les visions dans le cadre d’une complémentarité entre les secteurs public et privé et pour que le secteur libéral soumette ses propositions pour une déclinaison optimale du projet de la réforme de la santé.
Contacté par Le360, le Dr Saïd Afif, président du Collège syndical national des médecins spécialistes privés, a indiqué avoir été reçu par le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Aït Taleb, dans le cadre d’une série de rencontres de concertation, lancée par la tutelle.
«Lors de cette rencontre, le ministre nous a expliqué les détails du projet de loi-cadre relatif au système national de santé. Je tiens à rappeler que nous (au niveau de notre syndicat, Ndlr) demandons, depuis longtemps, la mise en place d’une instance régulatrice de la santé. Cet organisme nous permettra d’avoir un projet de santé, avec une vision à moyen et à long termes», explique-t-il.
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«Ce projet de loi-cadre insiste sur les ressources humaines qui constituent l'ossature de tout système de santé. Nous avons pu constater, durant la pandémie, que la collaboration entre les secteurs privé et public nous a permis de faire face au Covid-19 avec le moins de dégâts. Malgré l'insuffisance des ressources humaines et des infrastructures, le personnel médical a soigné plus d'un million et demi de personnes», a-t-il ajouté.
Le Dr Saïd Afif a, par ailleurs, souligné que le roi Mohammed VI a rappelé dans son discours du Trône l’importance de la souveraineté sanitaire, précisant que l'Agence nationale du médicament va permettre de faciliter l'octroi des autorisations de mise sur le marché pour les médicaments (AMM), de mieux suivre et accompagner les professionnels du secteur et d’encourager les laboratoires nationaux à développer le label Maroc au niveau des médicaments.
Ce médecin a, en outre, insisté sur l’importance de l’Agence du sang et produits dérivés du sang et mis en avant l'intérêt de la création de groupements sanitaires territoriaux, qui seront chargés principalement de l’élaboration et de l’exécution du programme national régional et du renforcement des mécanismes de coopération et de partenariat entre les secteurs public et privé.
Il a également relevé que l’une des doléances exprimées depuis toujours par le Collège syndical national des médecins spécialistes privés sera finalement prise en compte. Il s’agit de la création d'une direction du privé au sein de la tutelle.
Le Dr Saïd Afif a aussi signalé que d’autres points ont été également discutés lors de cette réunion, notamment la révision du tarif national de référence qui prend en compte le principe de préservation des équilibres des caisses, le respect du délai de l'octroi de la prise en charge par les caisses, l’importance de la télémédecine et la digitalisation du système de santé.
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Pour sa part, le Dr Tayeb Hamdi, président du Syndicat national de médecine générale, a expliqué que cette rencontre s’inscrit dans le cadre d'un nouveau round du dialogue social pour une mise en œuvre optimale du chantier royal de réforme du système de santé, affirmant le plein engagement des médecins généralistes du secteur privé pour la réussite de ce projet.
Le président du Syndicat national de médecine générale a souligné que ces praticiens ont formulé des propositions basées sur la politique de proximité dans le secteur de la santé et l'attention portée à la médecine familiale, à la prévention des maladies et à la gouvernance.
Il a fait savoir que les médecins généralistes du secteur libéral «se retrouvent parfaitement dans la vision de ce projet de loi-cadre qui regroupe l’ensemble des doléances qu’ils ont précédemment formulées, lesquelles visent à construire un système de santé marocain basé sur la médecine de famille et sur la médecine de proximité».
Il a affirmé que la médecine préventive est le seul garant de soins de santé de qualité, qui permettra de gagner en dépenses, mais aussi en ressources humaines.
«La refonte du système de santé permettra au citoyen marocain d'être accompagné dans sa quête par un service de santé performant qui ne retardera pas le diagnostic de ses maux. Notre syndicat est prêt, dans le cadre du partenariat public-privé, à coopérer pour garantir des services de santé égaux et de qualité à tous les Marocains», a-t-il ajouté.
Le Dr Tayeb Hamdi a, par ailleurs, pointé du doigt la fuite des médecins à l’étranger. «Rendre l'exercice de la profession de médecin au Maroc attractif est donc un must. Nous allons présenter prochainement un mémorandum au ministre pour revaloriser ce secteur», a-t-il conclu.
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A noter que le ministre avait tenu hier, lundi 1er août 2022, des rencontres avec l'Association nationale des cliniques privées (ANCP) et le Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL).
Le président de l'ANCP, Redouane Semlali, avait fait observer que l'association partage la vision du ministère pour l'implémentation du projet de réforme de la santé, notamment en termes de gouvernance et de gestion à l'échelle régionale, de création d'une haute autorité de santé et de ressources humaines, ainsi que d'amélioration quantitative et qualitative de la couverture sanitaire.
Le président du SNMSL, Ahmed Ben Boujida, s'est, quant à lui, réjoui de cette coopération entre les centrales syndicales et le ministère de tutelle, soulignant que ce dialogue contribuera à l'opérationnalisation rapide de ce chantier important.