Une fronde silencieuse agite, ces dernières semaines, les rangs des vétérinaires du secteur privé. Plusieurs praticiens, jusque-là habitués à collaborer étroitement avec l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC), digèrent mal la nouvelle organisation de la campagne nationale de recensement et de marquage du bétail, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 21 juillet.
En cause, la supervision directe de l’opération par les services du ministère de l’Intérieur pour dresser un état des lieux précis du cheptel, en rupture avec les chiffres souvent jugés gonflés par certaines associations professionnelles du secteur. Désormais, chaque tête de bétail fait l’objet d’une fiche détaillée comprenant l’identité de l’éleveur, la race, la localisation, le nombre de têtes. Un contrôle plus strict qui se traduit, selon plusieurs témoignages, par une perte d’influence, et de revenus, pour certains acteurs privés.
Certains vétérinaires privés parlent de «mise à l’écart incompréhensible» et dénoncent une forme de «mise sous tutelle» qui les cantonnerait à un rôle secondaire, voire de simples exécutants. Plus acerbe encore, l’un d’eux évoque des praticiens traités comme de «simples tâcherons», signe d’une fracture de confiance entre l’administration et une partie des professionnels privés.
Face à cette situation, la riposte s’organise. La section nationale des vétérinaires privés a diffusé un communiqué, repris par Al Akhbar, appelant l’Ordre national des vétérinaires à «protéger la dignité et le statut» des praticiens du secteur. La profession réclame le respect du cadre légal encadrant ses missions, notamment celles liées à l’identification et au suivi sanitaire du bétail, tâches considérées comme relevant de son cœur de métier et dûment encadrées par un décret.
Dans ce contexte, la gestion jugée trop discrète, voire timorée, de ce dossier par le président de l’Ordre national suscite, elle aussi, des remous internes. «Certains membres de la profession réclament une prise de position plus ferme pour défendre les acquis obtenus au fil des années, et prévenir tout précédent qui viendrait fragiliser l’indépendance du vétérinaire privé», note le quotidien.
En toile de fond, l’urgence de la reconstitution du cheptel reste prioritaire. En déplacement à Sidi Kacem et à Ouezzane, le ministre de l’Agriculture a rappelé que la relance de la filière passait par des mesures concrètes. À titre d’exemple, un programme spécifique a été lancé dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, doté d’une enveloppe de 120 millions de dirhams pour soutenir 21 projets centrés sur l’élevage.
Pour les autorités, cette campagne de marquage est cruciale pour garantir la transparence des chiffres, mieux anticiper les besoins et redresser une filière fragilisée par la sécheresse et la flambée des prix. Contacté par Al Akhbar, le ministère de l’Intérieur n’a pour l’heure pas réagi.








