Rassemblés ce vendredi devant l’ambassade de France au Maroc, au quartier de l’Agdal, à l’appel de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV), les manifestants ont crié leur colère en rappelant que le «puissant» prévenu, ex-PDG du groupe Assu 2000 (actuellement VILAVI), fait également face à des accusations à Tanger. Tout en exprimant son respect pour la justice française, Aïcha Guellaa, présidente de l’AMDV, s’est dite «indignée par cette libération choquante et injuste pour les victimes».
Elle a en outre rejeté les raisons ayant conduit à la libération de l’accusé au motif, selon la justice française, que l’état de santé de celui-ci est «incompatible avec la poursuite de la détention». «Je ne crois pas à ce motif car sa détention est dans l’intérêt de la société et des victimes. C’est scandaleux qu’une telle décision soit prise dans un pays de droit», a martelé Aïcha Guellaa sous un soleil de plomb.
L’avocate a aussi pointé le fait que le mis en cause est poursuivi au Maroc pour des crimes sexuels graves au même titre que le Franco-Tunisien Amir Messadi, ex-directeur général de la succursale tangéroise d’Assu 2000, qui avait pris la poudre d’escampette après avoir su que le parquet allait l’arrêter. «Comment peut-on accepter que, dans un dossier aussi lourd par ces faits criminels commis en France et au Maroc, la justice française accorde au principal accusé, Jacques Bouthier, la liberté sous contrôle judiciaire pour des raisons de “démence”?», a-t-elle dénoncé en qualifiant d’«inacceptable» cette décision.
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Son confrère Abdelfattah Zahrach, vice-président de l’AMDV, a appelé la justice française à «incarcérer immédiatement Jacques Bouthier» et demandé à la justice marocaine d’enclencher les mécanismes de la commission maroco-française en matière judiciaire. A ce sujet, l’avocat s’est demandé pourquoi le parquet marocain n’a pas usé des mesures liées à la commission rogatoire maroco-française pour demander l’extradition de l’accusé au Maroc pour y être jugé.
Enfin, l’AMDV a indiqué que ses avocats à Paris vont interjeter appel en se réservant le droit de porter cette affaire devant la justice de l’Union européenne.
Jacques Bouthier a quitté la prison alors qu’il est sous le coup d’une longue liste d’accusations allant de la traite des êtres humains à l’association de malfaiteurs, en passant par la séquestration en bande organisée et la détention d’images pédopornographiques.