Un collectif d’associations, majoritairement d’extrême-gauche, vient de signer un appel pour dénoncer l’arrestation du journaliste Soulaiman Raïssouni, accusé de viol par un jeune militant de la communauté LGBT marocaine, Mohamed Adam. Les termes de cet appel montrent encore une fois l’aveuglement et le parti pris de certaines associations pour lesquelles il y aura toujours un seul coupable: les autorités marocaines. Sous ce titre racoleur: «Maroc: nouvelle trouvaille dans la fabrication des procès politiques», le texte de cet appel est traversé de bout en bout par des approximations et des erreurs, tendancieusement exploitées à la seule fin de transformer un fait divers sordide en procès politique.
D’emblée, le texte commence par un mensonge: «vendredi 22 mai, quinze agents policiers en civil ont procédé à l’arrestation du journaliste marocain Soulaiman Raissouni, rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum.» Dans les faits, il n’y avait pas quinze agents de la police, mais seulement quatre. Une équipe du média électronique Chouf TV, a d’ailleurs pu filmer la procédure d’arrestation, où l’on voit très clairement seulement quatre policiers interpeller l’intéressé. Etant donné qu’il s’agit d’agents de la Police judiciaire, il est normal qu’ils soient en civil, tout comme le sont les éléments de la PJ dans la majorité des pays du monde, y compris en France d’où sont originaires nombre des associations signataires de cet appel.
(Ci-dessous, vidéo tournée par les reporters de Chouf TV, au moment même de l'interpellation de Soulaiman Raïssouni, qui prouve en images la présence de quatre policiers au cours de cette procédure.)
Commencer un texte par un mensonge permet d’établir un commentaire, évidemment erroné, mais qui sert les desseins de la partie initiatrice de cet appel. On dresse un décor avec 15 policiers en civil encerclant un journaliste sans défense pour qualifier l’arrestation de «spectaculaire» et «d’humiliante».
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Le deuxième mensonge est encore plus grave. Il est écrit, dans cet appel, que «le procureur général près la cour d’appel de Casablanca, qui a ouvert une enquête préliminaire sur la base d’une publication sur la page Facebook d’une personne se faisant appeler Adam Mohamed, qui se dit avoir été victime en 2018 de viol sans préciser le nom de son présumé violeur». Volontairement, la partie initiatrice de ce texte a omis de signaler, comme cela a été largement mentionné par les médias et par la présumée victime elle-même que suite au post publié par Mohamed Adam, ce dernier a été auditionné par la police. C’est d’ailleurs suite à l’audition de la présumée victime (et probablement sur la base de preuves jugées accablantes), et non à la publication d’un post sur Facebook, que Soulaiman Raïssouni a été interpellé.
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Troisième interrogation tendancieuse: «que signifie le fait que ce soit le parquet général de Casablanca qui se charge de ce dossier alors que la personne, présumée victime, réside à Marrakech et n’avait pas déposé plainte nominative contre Raïssouni?».
Les faits qui sont reprochés à Soulaiman Rassouni se sont déroulés dans sa chambre à coucher, qui se trouve à son domicile à Casablanca. Cela a été décrit noir sur blanc par sa présumée victime, le militant LGTB Mohamed Adam. Le «lieu du crime» est Casablanca. Quoi de plus naturel, par conséquent, que le parquet de Casablanca se saisisse du dossier? C’est là une logique qui prévaut dans le monde entier. Mais quand la mauvaise foi préside à la rédaction d’un texte, on le tisse à coups d’approximations, d’omissions et de mensonges à seule fin de charger la partie que l’on veut accabler.
Plus loin dans ce même texte, on introduit une figure bien connue par son talent à faire diversion, pour ne pas s’expliquer ou répondre de faits qui lui sont reprochés. On commence par parler d’une campagne d’intimidations et de menaces à l’encontre de Soulaiman Raïssouni. Et de continuer: «messages qui se poursuivent actuellement à l’encontre de quelques défenseur-e-s des droits humains, comme l’historien Maâti Monjib, qui ont constitué un comité pour le soutenir».
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Compte tenu des erreurs et des mensonges qui traversent de bout en bout l’appel du collectif d’associations d’extrême-gauche, la main de Maâti Monjib a dû peser sur sa rédaction. Cet universitaire est doté d’un grand talent dans la transformation du réel. Cet illusionniste a usé de ce talent pour faire disparaître plusieurs millions de dirhams, reçus sous forme de subventions de l’étranger, du compte d’une association (l’association Ibn Rochd qui avait ce curieux statut de Société à responsabilité limitée-SARL) pour les verser sur les comptes personnels de sa sœur et de son épouse.
Un mépris de la présumée victimeAprès la mention de Maâti Monjib, ce texte daigne enfin porter une attention, a minima, à la présumée victime d’un viol perpétré par Soulaiman Raïssouni: «nous condamnons tout autant la déferlante sur les réseaux sociaux d’attaques haineuses, blessantes et humiliantes à l’encontre d’Adam Mohamed, la personne présumée victime, qui a ouvertement déclaré son homosexualité». Les auteurs de ce texte auraient pu faire un minimum d’effort et écouter le récit de Mohamed Adam. Prendre au moins contact avec la présumée victime, ne serait-ce que pour donner un semblant d’équilibre à un appel qui défend seulement un présumé violeur et n’accorde aucune attention à sa présumée victime.
Les signataires de l’appel qui défend un présumé violeur et dénie tout droit à la vérité à sa présumée victime sont l’Association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM), l’Association des Marocains en France (AMF), l’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), l’Association marocaine des droits humains-Paris/Ile-de-France (AMDH-Paris/IDF), le Forum marocain pour la vérité et la justice (FMVJ-France), le Comité pour le respect des libertés et droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), l’Association des Marocains de Belgique pour la défense des droits de l’Homme (AMBDH), l’Association justice et liberté au Maroc (AJLM), l’Organisation pour les libertés d’information et d’expression (OLIE-Maroc), l’Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés (AIDL-France), l’Association des familles des prisonniers et disparus Sahraouis (AFAPREDESA), l’Association femmes plurielles, le Parti de l’avant-garde démocratique socialiste (PADS-Fédération d’Europe), le Parti de la voie démocratique (VD-Europe), Pour une écologie populaire et sociale (PEPS) et Parti communiste français (PCF).
A l’exact opposé de ce chapelet d’associations (et du Parti communiste français) qui ont signé cet «appel» comme un rouleau compresseur contre le droit à la vérité de Mohamed Adam, la communauté LGTB arabe lui apporte un franc soutien. Dans un communiqué, publié sur une page Facebook qui porte le nom de Mawjoudin (nous existons), un collectif de plusieurs associations LGBT, originaires du Maroc, de Tunisie, de Jordanie, de Libye, etc., apporte un ferme soutien à Mohamed Adam, présumée victime d’un viol et militant marocain de la cause LGBT. Dans son texte de soutien, ce collectif prend le contrepied des arguments tissés par l’appel des associations d’extrême-gauche précédemment citées.
Le collectif LGBT signale que «le journaliste accusé de harcèlement et de tentative d'agression sexuelle utilise son pouvoir à travers les sites d'informations, les partis politiques, les mouvements des droits de l’Homme et autres mouvements islamistes pour faire taire l’activiste marocain queer Mohamed Adam». Et d’ajouter: «nous dénonçons cette campagne de diffamation que subit l’activiste et surtout le déni de ces propos sous prétexte que le journaliste en question est un opposant».
Ce collectif exige aussi «un procès équitable et une couverture médiatique professionnelle et éthique pour garantir la sécurité et la dignité de notre camarade Mohamed Adam».
D’un côté, nous avons un appel d’associations d’extrême-gauche, tendancieux et truffé d’approximations et de mensonges. De l’autre, l’appel d’une communauté qui a bien du mal à exister dans le monde arabe, et qui demande juste le respect des droits de la présumée victime.
Quant au fond du dossier, il est particulièrement grave: Soulaiman Raïssouni est accusé de viol. Qu’il soit journaliste, militant des droits de l’Homme, voire artiste de génie, aucune de ces qualités ne peuvent servir de bouclier protecteur contre un viol.