Le secrétaire général de «Reporters sans frontières» (RSF), Christophe Deloire, a très vite réagi à l’interpellation du journaliste Soulaiman Raissouni, hier vendredi 22 mai, par les éléments du Service préfectoral de la police judiciaire (SPPJ), suite à l’audition d’un jeune homme qui l’accuse de l’avoir violé en 2018.
La présumée victime du rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum assume ouvertement son appartenance à la communauté LGTB. Il a raconté en des termes crus l’agression sexuelle dont il aurait fait l’objet de la part de Raissouni sur le compte Facebook qu’il anime sous le pseudonyme de «Adam Muhammed».
La réaction du secrétaire général de RSF est un cas d’école du parti-pris de certains bien-pensants occidentaux qui regardent tout ce qui se passe au Maroc sous une optique leur permettant de voir seulement ce qui les arrange.
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Dans le premier post, Christophe Deloire écrit :"Nous exprimons notre entière solidarité avec le journaliste marocain Suleiman Raissouni, rédacteur en chef du journal arabophone Akhbar el Yaoum, victime d'une campagne de diffamation relayée par les médias en ligne proches des services de renseignement."
Aucun mot, aucune pensée, aucune considération pour la victime de Soulaiman Raissouni, qui rappelons-le, affirme avoir été violée dans la maison de son présumé agresseur, où elle se trouvait pour les besoins d’un film documentaire consacré par l’épouse du journaliste à la communauté homosexuelle au Maroc. Cette personne agressée, violentée, insultée ensuite sur Facebook par Raissouni, de même que tous les homosexuels qu’il traite de «dépravés sexuels», a été une deuxième fois violentée par le mépris de Christophe Deloire.
Dans son soutien résolu au journaliste, le SG de RSF accuse les médias qui ont relayé cette affaire d’être «proches des services de renseignement». Une accusation sans fondement et qui montre que lorsqu’on est à court d’arguments, on peut reprendre des propos dignes du café du commerce. Christophe Deloire qui affirme que Raissouni est «victime d’une campagne de diffamation» a lui-même diffamé une partie de la presse marocaine. Le360 a d’ailleurs appris que certains médias ciblés par la diffamation du SG de RSF envisagent une action en justice.
Le premier post du SG de RSF a été suivi par un deuxième.
Que veut dire Christophe Deloire en précisant que le présumé violeur est l’oncle de Hajar Raissouni? Est-ce que cette qualité le dispense de répondre de l’agression sexuelle dont il est accusé? Est-ce que le SG de RSF veut mobiliser le réseau de sympathie dont a bénéficié, à raison, Hajar Raissouni? Les deux affaires ne présentent aucune commune mesure. Ce qui relève de la vie privée dans le cas de Hajar Raissouni tombe dans la sphère de l’abominable dans le cas de son oncle si le viol dont il est accusé venait à être prouvé.
D’ailleurs, les réactions aux posts du SG de RSF n’ont pas tardé, y compris de la part de personnes qu’on ne peut absolument pas soupçonner d’accointance avec le régime. C’est le cas de Betty Lachgar, co-fondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI).
On peut comprendre que Christophe Deloire soutienne à tous crins un journaliste, mais il y a une limite à ce soutien quand ce journaliste tient des propos homophobes de la pire espèce et quand pèse sur lui l’accusation d’un viol. Sa présumée victime mérite un minimum d’égards de la part de RSF.