Saâd Lamjarred se trouve au Maroc, et il y a quelques jours, la pop star marocaine a fait un petit crochet par la ville de Fès.
Annoncée sur son compte Instagram – mais supprimée depuis-, cette visite s’inscrivait, semble-t-il, dans une stratégie de communication du Conseil Régional du Tourisme de la ville de Fès, afin d'y relancer cette activité, moribonde, bien avant la survenue de la pandémie, et faire la promotion d'une maison d'hôte, le Riad El Amine.
Il y a quelques jours, une photo a ainsi immortalisé ce moment. Au centre, Saâd Lamjarred, tout sourire, se voit remettre un cadeau par Jawhar Mhammed Yassir, président du CRT de Fès, et Selma Alaoui Mdaghri, responsable de la communication de cet organisme.
«Le CRT de Fès vous remercie d’avoir choisi Fès comme destination de détente et de plaisir», est-il inscrit en commentaire de cette photo, où les trois protagonistes posent en souriant, faisant fi, au passage, des masques sanitaires de rigueur.
Mais passons, cette photo n’a pas soulevé un tollé pour manquement aux mesures d'hygiène sanitaire, bien que cela soit un faux pas de taille pour une opération de communication, en cette période de pandémie.
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Mais plus grave encore, comment le CRT de Fès a-t-il pu axer sa communication autour d’une personne, toute star soit-elle, qui est toujours mise en examen dans trois affaires de viols et violence en France?
Comment ce même CRT a-t-il pu faire abstraction du fait que le concert de Saâd Lamjarred, prévu en décembre 2020 au Caire, en Egypte, a dû être annulé, suite à un gigantesque appel au boycott lancé par le public égyptien, choqué qu’un homme accusé de viols puisse se produire sur une scène?
Sa nationalité marocaine efface-t-elle toutes les accusations qui pèsent contre lui? A moins que la culture du viol ne soit à ce point bien confortablement installée dans nos mœurs?
Au Maroc, si ce n’était le travail de veille du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (M.A.L.I.), qui a été prompt à dénoncer la culture du viol, par la voix de sa fondatrice Ibtissam Betty Lachgar, l’affaire serait certainement passée inaperçue.
«Pour représenter la détente et le plaisir, le CRT de Fès a choisi un homme accusé de viols. La culture du viol vous est transmise par CRT et Riad El Amine de manière décomplexée», a ainsi dénoncé la fondatrice du M.A.L.I, le lundi 2 novembre dernier, sur les réseaux sociaux.
Le lendemain, la photo du CRT a été promptement retirée, et toute trace de la venue à Fès de la pop star avaient disparu de la toile, si ce n’est des captures d’écran qui perdurent, et témoignent d’un engouement qui n’aurait, en fait, jamais dû être.
Le quotidien L’Economiste, qui avait notamment consacré un article à ce sujet, en titrant «Saâd Lamjarred en escapade à Fès» a, depuis, supprimé son article. Le vent tourne...