Pourquoi tant de charmeurs de serpents deviennent les victimes de leurs animaux

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Les habitants de Martil sont toujours sous le choc. Hier, lundi 31 juillet, un charmeur de serpents est mort sous leurs yeux. Sa vipère des montagnes a eu raison de lui. Et c'est loin d'être la première fois. Analyse d'un phénomène qui fait de plus en plus de victimes.

Le 01/08/2017 à 15h30

Miloud, 49 ans, originaire de Fès, a été mordu par sa vipère hier lundi 31 juillet à Martil. Il est mort sur-le-champ. Les passants et les riverains du quartier ont assisté à la scène, assistant sans pouvoir réagir à la victime en train de rendre l’âme. «C’est une vipère des montagnes, parmi les espèces les plus dangereuses. Elle l’a mordu sur la langue, il est mort instantanément», confie à le360 Abbas Chajai, membre de l’association des charmeurs de serpents de Jamaa el-Fna.

A Marrakech, sur la célèbre place historique de la ville, les charmeurs de serpents, appelés «Issaouas» dans le jargon local, se passent le métier de père en fils. Ils séduisent le serpent et savent comment ne pas se faire mordre. Mais les accidents arrivent. Le 5 juin 2017, un homme a succombé à la morsure d'un serpent à Jamaa el-Fna car sa prise en charge et l’intervention des secours n’ont pas été suffisamment rapides.

L'incident de Martil est ainsi le deuxième en l’espace d’un mois et demi. «C’est un métier à risque. Nous, à Jemaa el-Fna, on manipule surtout les couleuvres, celles qui ne sont pas venimeuses. Un touriste, lorsqu’il vient nous voir et qu’il veut se prendre en photo avec un serpent, c’est avec une couleuvre. Les autres serpents qui sont sur le sol, on les manipule avec beaucoup de précaution et on les garde à une bonne distance des visiteurs», ajoute Abbas Chajai, 50 ans de métier. «Quand un accident arrive, les secours et la prise en charge médicale doivent être immédiats», affirme-t-il.

Au centre antipoison, département de toxicovigilance, de Rabat, l’importance du transfert rapide à l’hôpital est confirmée. «Le sérum antiviperin n’est plus fabriqué au Maroc, nous l’importons d’Allemagne et des Etats-Unis et nous le mettons à la disposition de tous les hôpitaux du Maroc», explique Naima Rhalem, responsable de ce département.

En général, le sérum est administré par perfusion. Les médecins réanimateurs, et en plus du traitement spécifique, administrent aussi un traitement symptomatique.

Naima Rhalem explique également que certaines pratiques médicales traditionnelles ne font que compliquer la situation. « Un bandage trop serré peut conduire à une amputation. Il est conseillé plutôt de recourir à un bandage superficiel», précise-t-elle. En plus du bandage superficiel, il faut absolument immobiliser le membre et transférer le malade au plus vite à l’hôpital.

Abbas Chajai explique à le360, que la seule solution pour éviter ce genre de drames à l’avenir c’est de mettre le médicament à disposition des charmeurs de serpents. L’extraction du venin sur les reptiles, même si certains charmeurs la pratiquent, n’est pas efficace puisque le venin se régénère naturellement chez le serpent et en moins de 48 heures.

Naima Rhalem, elle, préconise un contrôle des serpents qui sont manipulés par les charmeurs. «Aux autorités de la ville d’agir pour réglementer», conclut-elle.

Par Qods Chabaa
Le 01/08/2017 à 15h30