Portrait: Ilham Kadri, la Marocaine qui prendra les commandes du Groupe chimique Solvay

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Revue de presseKiosque360. Après avoir été stagiaire, en 1989, au sein du groupe chimique Solvay, Ilham Kadri y revient, trente ans plus tard, avec un autre statut professionnel, celui de PDG. Portrait.

Le 07/01/2019 à 19h06

L’excellence est cetrainement le bon terme pour qualifier le parcours de la Franco-Marocaine Ilham Kadri. Sa persévérance, ses compétences professionnelles et ses qualités humaines marqueront, à coup sûr, l’histoire de la direction générale du Groupe chimique Solvay. Elle est pratiquement, du moins jusqu’à présent, la seule présidente du comité exécutif du Groupe à avoir découvert l’immense usine Solvay Travaux (Jura), en tant que stagiaire, il y a de cela une trentaine d’années, avant de revenir diriger l’entreprise. Selon le quotidien Le Monde, qui s’est intéressé à son parcours exceptionnel, «Ilham Kadri a été chargée, en tant que stagiaire, en 1989, d’analyser l’eau de la petite rivière dans laquelle l’usine envoie ses effluents». C’est là, ajoute le quotidien, que «le virus de la chimie la saisit».

Trois décennies plus tard, elle prendra les commandes du Groupe. Officiellement entrée chez Solvay le 1er janvier, précise Le Monde, «Ilham Kadri va prendre la tête du vénérable Groupe chimique le 1er mars, après avoir effectué un tour des grands sites». Quand sa nomination a été annoncée en octobre dernier, certains salariés sont restés dans la réserve. Ils attendaient un membre du comité exécutif pour succéder à Jean-Pierre Clamadieu, en partance pour Engie, rapporte le journal. Cependant, le comité des nominations a choisi une compétente extérieure au Groupe car, précise un syndicaliste cité par le journal, depuis la fusion Solvay-Rhodia, il y a de cela sept ans, la neutralité imposait d’«éviter de nommer un ancien d’une des deux maisons». Et de préciser que le Groupe a recouru aux services du chasseur de têtes Egon Zehnder pour dénicher aux Etats-Unis Ilham Kadri, née au Maroc il y a 49 ans. «Ce qui a fait la différence, c’est son style de management, sa capacité à transformer l’entreprise, sa personnalité», assure l’Espagnole Amparo Moraleda, membre du comité des nominations de Solvay, citée par le quotidien Le Monde.

Ainsi, Ilham Kadri est l’une des premières femmes propulsées au sommet d’un grand groupe belge, après Dominique Leroy (Belgacom-Proximus), et la première dirigeante d’origine africaine pour une entreprise de cette taille, fait encore remarquer le journal. La Franco-Marocaine prend donc les commandes d’une entreprise toujours contrôlée, depuis sa création il y a cinquante-cinq ans, par les descendants des frères Solvay: les Solvay, les Janssen, les Thibaut de Maisières, les Coppens d’Eckenbrugge, souligne Le Monde.

Le quotidien rapporte que la nouvelle dirigeante de Solvay a fait ses premiers pas dans le quartier Maârif de Casablanca, dans une famille modeste, mais riche de valeurs. Ilham Kadri se distingue dès son jeune âge, en décrochant le baccalauréat et deux bourses, l’une marocaine et l’autre française, pour poursuivre ses études supérieures sur l’autre rive. «Maths sup, maths spé, des journées et des nuits dans les livres et les équations, puis des études de chimie à Mulhouse, à Lyon, au Canada et à Strasbourg. Ilham Kadri se prend de passion pour la science. Sa spécialité: le mélange. Comment faire en sorte que les polymères placés dans une extrudeuse chauffée à 120 degrés fusionnent bien? «C’était le sujet de ma thèse»dit-elle en touchant une invisible brûlure laissée par les expériences», rapporte le journal Le Monde.

Plus tard, poursuit le quotidien, «Shell, son premier employeur, dépose un brevet sur l’une de ses inventions, un mélange de Kraton et de polybutadiène destiné aux bouchons pour le vin». Après Shell, elle se rend à Dubaï pour mettre en valeur ses capacités de manageur, avant de prendre en charge le redressement de Diversey, une filiale du groupe d’emballage Sealed Air. C’est dans ce Groupe qu’elle a été repérée par les recruteurs de Solvay. Et le journal de souligner que sa mission consiste aujourd’hui «à améliorer durablement les résultats, notamment dans les matériaux composites, pour que le groupe remodelé par Jean-Pierre Clamadieu retrouve en Bourse son lustre perdu».

Par Mohamed Younsi
Le 07/01/2019 à 19h06