Au Maroc, le ministère public a engagé, en une seule année, plus de 16.000 poursuites judiciaires pour des crimes commis sous la menace d’armes blanches. C’est trop, et c’est un fléau auquel il s'agit de mettre fin. C’est d’ailleurs l’objet d’une circulaire adressée, le 30 décembre dernier, par le Parquet général aux procureurs du roi près les différents Cours d’appel et tribunaux de première instance du Royaume, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du lundi 4 janvier.
La présidence du ministère public souligne, dans cette circulaire, que le port et l’usage d'armes blanches constituent un grave danger pour les citoyens et la collectivité. C’est une menace pour l’ordre et la sécurité publics, pour l’intégrité physique des citoyens et pour leurs biens. Le Parquet général rappelle, dans ce document, les termes de l’article 303 du code pénal qui considère comme arme tout engin, instrument ou objet contondant et tranchants, entre autres. Le port et l’utilisation d’armes blanches sont encore plus inquiétants quand cela met en danger non seulement la sécurité et les biens des citoyens, mais également celle des membres de l’autorité publique chargés de faire respecter la loi.
La présidence du Parquet général affirme ainsi que, durant l’année 2019, quelque 16.372 individus ont été poursuivis pour port d’armes blanches et pour des crimes liés à l’usage de ces armes. Ce qui représente une hausse de 64% par rapport à l’année précédente puisque, en 2018, le nombre de personnes arrêtées pour ces délits était de 9.957. Toujours en 2019, les différents tribunaux du Royaume ont enregistré 21.608 affaires de coups et blessures dans lesquelles ont été utilisées des armes blanches, affaires qui ont conduit à l’arrestation de 26.456 individus. Ce qui représente une hausse de 11% par rapport à l’année précédente.
Pour la présidence du ministère public, ces chiffres indiquent clairement que le phénomène de port et d’utilisation d’armes blanches dans les crimes et délits est en constante progression. Ce qui représente une source d’inquiétude pour le ministère public. Cette situation est d'autant plus inquiétante que les autorités compétentes ne cessent de déployer davantage d'efforts pour combattre ce fléau depuis septembre 2019, lorsque le Parquet général avait adressé une circulaire portant sur le sujet aux procureurs du roi à travers le pays.
Bref, la présidence du ministère public incite les procureurs du roi à accorder encore plus d’attention aux menaces que constitue le port illégal d’armes blanches, surtout dans les cas où elles sont utilisées contre les fonctionnaires de la police judiciaire. Elle incite les membres du Parquet à faire montre d’une extrême fermeté au moment de qualifier les actes relatifs au port et à l’utilisation d’armes blanches.
Notons que, selon les dispositions de l’article 303 bis du code pénal, est puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 1.200 à 5.000 dirhams, ou de l'une de ces deux peines, quiconque a été arrêté, dans des circonstances constituant une menace à l'ordre public, à la sécurité des personnes ou des biens, alors qu'il portait un instrument contondant ou tranchant ou suffoquant, à moins que le port de cet instrument ne soit justifié par l'activité professionnelle du porteur ou par un motif légitime.