Le360 : Un pétrolier transportant 5.000 tonnes de fuel s’est échoué à Tan Tan. La passe d’entrée du port est pointée du doigt. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
Najib Cherfaoui : La passe d’entrée du port de Tan Tan présente un gros problème depuis l’existence du port. Ce problème ne date pas d’aujourd’hui. C’est une erreur de 40 ans. Je le dis et je le répète, ce chemin rend difficile la manœuvre d’accès au port pour les capitaines. Toutefois, il existe une solution simple pour faciliter la tâche aux commandants de bord. Il s’agit de la mobilisation d’une vedette avec écho-sondeur, qui détermine la profondeur de l’eau. L’ANP aurait dû effectuer cette opération bien avant de donner l’ordre d’accoster au port au commandant de bord du navire.
Le risque d’une catastrophe écologique est-il réel ?
La situation n’est pas alarmante mais inquiétante. Je m’explique. Les vents violents qui frappent la région risquent, à force de secouer le navire, de lui faire subir des chocs à tout moment. On craint une ouverture au niveau des compartiments où le fuel est stocké. Mais puisque le navire comprend une double coque, on est serein. Mais ce n’est pas une raison pour croiser les bras.
Les autorités ont fait appel à un remorqueur de Las Palmas pour mener l'opération de sauvetage. Est-ce que le Maroc ne dispose pas de dispositif performant d’assistance et de secours en mer ?Le Maroc dispose de moyens performants pour les opérations de secours en mer ,notamment des remorqueurs puissants. Des sociétés marocaines de remorquage existent depuis des décennies. Toutefois, on n’a pas fait appel à ces opérateurs nationaux. Par ailleurs, l’échec de l’opération de sauvetage du pétrolier à Tan Tan a mis à nu les défaillances au niveau du Simulex. Le Simulex est un code qui signifie l’exercice de simulation de lutte contre la pollution par hydrocarbures. La législation exige l’organisation de cet exercice tous les deux ans. Il s’agit d’un entraînement à une intervention en mer en cas de catastrophe. L’opération doit être rapide, bien organisée et coordonnée. Ce qui n’était pas le cas à Tan Tan. Il est vrai que l’on organise cet exercice régulièrement, mais uniquement parce que la loi l’impose.




