Le tribunal d’Agadir a condamné à mort, il y a trois jours, le violeur et assassin d’une fillette de 2 ans et 8 mois. Le corps de l’enfant assassinée, une petite fille née en 2010, avait été retrouvé dans une maison à Taroudant, dans la région d’Agadir. Au vu de la monstruosité de ces crimes, l’inculpé, âgé de 30 ans et lui-même père d’une petite fille, n’a bénéficié d’aucune clémence du tribunal qui a appliqué la peine la plus lourde et a de même été condamné à verser 200.000 dhs à la partie civile. La nouvelle a relancé le débat sur la peine de mort au Maroc. En effet, en 2011, alors que les printemps arabes faisaient fureur, le roi Mohammed VI avait fait adopter, par référendum, une révision constitutionnelle consacrant notamment le droit à la vie. Rien d’explicite, cependant, quant à une abolition de la peine de mort. Ce débat ne cesse d’être relancé au Maroc, un pays perçu comme une exception dans la débâcle qui a dévasté le monde arabe et qui a à sa tête un souverain ouvert sur la démocratie et la modernité. Or, 10 personnes ont été condamnées à la peine capitale en 2012, et 100 détenus attendent aujourd’hui leur exécution dans les couloirs de la mort.
Se poser les vraies questions
Par-delà cette polémique du pour et du contre et l’appel des organisations des droits de l’homme à abolir cette pratique qui, il est vrai, donne lieu à des dérapages -les exemples d’innocents condamnés à la peine de mort ne sont pas rares, notamment aux Etats-Unis-, il y a lieu de se poser deux questions : Tout d’abord, y aurait-il des viols d’enfants plus graves que d’autres ? A Khouribga, en août de cette année, un "haj " a été condamné à 2 ans de prison pour le viol d’un petit garçon. Une peine dérisoire, d’autant que, sur les 2 ans, le pédophile a bénéficié d’un an avec sursis ! Et les exemples ne manquent pas. Pourquoi de tels écarts ? Oui, la réforme de la justice est une urgence. Car les citoyens ne peuvent que se sentir désarmés et floués face à une justice qui crée un sentiment d’injustice.Par ailleurs, relancer le débat sur la peine de mort à l’occasion d’une sentence contre le crime le plus monstrueux qui soit est une ineptie. La société civile n’a pas répondu. Et pour cause. Ce débat doit se faire en dehors de tout référent émotionnel et, en l’occurrence, violemment et douloureusement émotionnel. Car ce débat se doit d’être un débat d’idée sur la base de valeurs et principes universels, un débat qui ne peut se permettre de s’enflammer à un moment des plus inopportuns : celui de la condamnation du violeur et assassin d’un… bébé ! Un moment des plus inappropriés et des plus aberrants. Car c’est le calvaire de cette petite fille et la dévastation des siens qui prend chacun au cœur.