Les prix des carburants ont connu, vendredi 1er mars, une hausse sensible dans toutes les stations-service du royaume. Le prix du litre de gasoil a frôlé les 10 dirhams tandis que celui de l’essence a effleuré les 10,5 dirhams. Cette nouvelle augmentation va vider les poches des consommateurs et se répercuter sur les prix de plusieurs autres produits.
Ce «réajustement» était attendu, étant donné la polémique qui oppose le ministère chargé des Affaires générales et de la gouvernance aux pétroliers sur le prix du carburant. Les deux parties n’ont pas pu se mettre d’accord sur une formule médiane entre le plafonnement et la liberté du marché. Le ministre Lahcen Daoudi a toujours défendu le principe de plafonnement qu’il considère comme la solution adéquate pour réduire la marge de bénéfice. Un profit qui tombe dans l’escarcelle des sociétés pétrolières qui révisent leurs prix tous les quinze jours. Face à l’intransigeance du ministre, le Groupement des pétroliers du Maroc s’accroche au principe de la liberté du marché et de la concurrence dans ce secteur névralgique.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du samedi 2 mars, que les observateurs s’attendaient à ce que le conseil de la concurrence (CC) soutienne le principe de plafonnement comme le souhaitait Daoudi. Mais le président de ce conseil, Driss Guerraoui, a mis l’accent sur la nécessité d’adopter le principe de la concurrence, étant donné les dysfonctionnements que connaît ce secteur qui nécessite une réforme structurelle. Du coup, enchaine-t-il, le choix du plafonnement ne sera pas suffisant et judicieux d’un point de vue économique, concurrentiel et en termes de justice sociale. Par conséquent, conclut Guerraoui, le principe du plafonnement est inapproprié et n’est pas compatible avec la nature de la concurrence dans ce secteur.
Le verdict du conseil de la concurrence n’a pas plu au ministre Daoudi qui n’a pas mâché ses mots pour le taxer de tous les maux: «Le CC ne doit pas s’immiscer dans les décisions gouvernementales. Il a le devoir de réserve et cette évaluation, de surcroit politique, n’est pas acceptable». Le ministre a toutefois oublié que dans son rapport, le CC a tenu à préciser que «le gouvernement est une autorité qui a seule la responsabilité de procéder à la réglementation des prix». Les sociétés pétrolières se cantonnent à leur refus du plafonnement et estiment que les prix à la pompe au Maroc demeurent les plus bas du pourtour méditerranéen.
Au nom de la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs, Daoudi continue à croire qu’il trouvera une solution médiane avec le Groupement des pétroliers du Maroc. Il est même convaincu qu’il a réussi à les convaincre alors que rien ne laisse croire que les sociétés pétrolières aient changé d’avis, surtout après l’avis du CC.