La découverte, faite récemment par une équipe de scientifiques du Maroc, de France et du Royaume Uni, a été révélée dans une étude publiée par la revue scientifique Cretaceous Research.
La nouvelle espèce de mosasaure marocain, Pluridens serpentis, est décrite sur la base de deux crânes et de restes crâniens isolés et ses caractéristiques morphologiques sont par conséquent fondées sur son anatomie crânienne, selon cette étude. Le nom latin Pluridens a été retenu en raison du nombre élevé de ses «petites dents striées et crochues» qui ressemblent à celles des serpents, précise la même source.
Ses petits yeux démontrent que le P. Serpentis avait eu une mauvaise vision, «dépendant en d’autres sens comme le toucher et la chimio-réception pour chercher sa nourriture, à l’instar des serpents marins modernes».
Comme son nom l’indique, cette nouvelle espèce se caractérise par le nombre élevé de ses dents (Pluridens, en latin, signifiant «nombreuses dents»), et ce, jusqu'à 28 dents sur sa mâchoire inférieure et par leur forme, toutes de petite taille et fortement crochues, rappelant les dents des serpents (serpentis, toujours en latin), explique Nour-Eddine Jalil, professeur du Centre de recherche en paléontologie, relevant du Muséum national d’histoire naturelle, à Paris) et qui fait partie de cette équipe qui a fait la découverte de cette animal préhistorique.
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Cette espèce de mosasaures halisaurinés se distingue des autres halisaurinés par sa grande taille qui atteint 10 mètres et ses petits yeux. «Elle devait avoir une vision réduite, mais la présence de dizaines de petites ouvertures sur son museau, certainement pour les terminaisons nerveuses, laisse supposer l’existence d’un système sensoriel performant», précise le paléontologue marocain, dans une entretien accordé à la MAP.
L’aspect massif des mandibules, auprès des formes les plus grandes laisse supposer un comportement comparable à celui de certains cétacés modernes, tels que les cachalots et les baleines à bec, qui utilisent leurs mandibules dans des combats, a-t-il également expliqué.
Les découvertes s'enchaînentCe n’est pas la première fois qu’un mosasaure est découvert au Maroc. En janvier dernier, une équipe internationale de chercheurs avait découvert au Maroc un lézard marin dénommé, le Xenodens calminechari, qui vivait lors de la période du Crétacé, voici 72 à 66 millions d’années avant notre ère.
Selon Nour-Eddine Jalil, il n’y a «aucun point commun» entre les deux espèces qui «appartiennent à deux lignées différentes de mosasaures» et sont «issus de deux histoires différentes». «Xenodens calminechari avait la taille d’un petit marsouin, autour de 1,5 mètres, alors que Pluridens serpentis pouvait atteindre 10 mètres de longueur. Pluridens avait des dents petites et fortement crochues, Xenodens se caractérisait par une dentition évoquant celles de certains requins, qui devait lui conférer une morsure redoutable et lui permettre de s’attaquer à des proies bien plus grandes que lui», a-t-il indiqué.
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En 2020, une équipe de chercheurs internationaux avait démontré la présence d’une nouvelle espèce de dinosaure au Maroc, une première en Afrique. Il s’agissait d’un fossile d’un dinosaure à bec de canard, nommé Ajnabia odysseus, qui a été découvert dans une mine située non loin de Casablanca, au beau milieu d’une couche géologique datant de 66 millions d’années avant notre ère.
«Les fossiles des phosphates donnent une des images les plus complètes d’une période-clé de l’histoire évolutive des vertébrés. Cette histoire peut être suivie in situ et presque sans discontinuité sur environ 24 millions d’années», d’après le paléontologue.
«Peu de pays présentent autant de témoins des couches géologiques qui se sont succédé à la surface de la terre depuis les temps les plus reculés», s’est félicité Nour-Eddine Jalil.
«Chaque région du Maroc détient une partie de cette mémoire et telles les pages d'un livre, elle délivre et illustre une partie de la fabuleuse histoire de la Vie», a ainsi conclu le paléontologue.