Mohamed Karimine, figure longtemps influente de la scène politique locale à Bouznika, a vu son parcours s’achever dans le sillage d’un scandale retentissant mêlant corruption, falsification et abus de pouvoir. Mardi dernier, la Chambre criminelle de première instance de la Cour d’appel de Casablanca a rendu son verdict dans une affaire de faux documents officiels et de contrefaçon de cachets de l’État, impliquant plusieurs techniciens, ingénieurs et élus de la commune.
Au cœur de ce dossier, l’ancien président du Conseil communal, déjà incarcéré à la prison d’Oukacha pour une autre affaire de détournement de fonds publics, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce jeudi 23 octobre. Karimine, condamné à six mois de prison ferme dans ce nouveau procès, cumule désormais deux affaires judiciaires qui ont scellé sa chute politique.
La première, la plus lourde, lui avait valu sept années d’emprisonnement aux côtés de l’homme d’affaires Aziz El Badraoui, patron du groupe Ozone, dans un dossier de manipulation de marché public lié à la gestion déléguée du service de propreté. La seconde, jugée cette semaine, révèle une autre facette des pratiques opaques qui ont marqué son mandat à la tête de Bouznika, a-t-on pu lire.
Selon le jugement rendu par le tribunal, neuf personnes ont été reconnues coupables dans cette affaire de falsification de documents d’urbanisme et de contrefaçon de tampons officiels, précise Al Akhbar. Les peines prononcées vont de six mois à trois ans de prison ferme. Parmi les condamnés, figurent des élus et fonctionnaires proches de Karimine, notamment le chef du service de l’urbanisme, des adjoints au président et plusieurs techniciens de la commune.
Les enquêtes ont mis à jour un système bien rodé de falsification de plans de construction, de délivrance irrégulière de permis et d’exploitation abusive des prérogatives municipales.
L’affaire trouve son origine dans des investigations menées par la Brigade nationale de la Gendarmerie royale, sur instruction du parquet général de Casablanca. Il y a cinq ans, des plaintes avaient été déposées par des élus dénonçant des irrégularités graves dans la délivrance d’autorisations de construire. Les enquêteurs avaient découvert des plans identiques signés à la même date par deux autorités différentes, Karimine et son premier adjoint, un procédé qui permettait à certains promoteurs immobiliers d’obtenir des avantages fonciers considérables et de contourner les procédures légales, a-t-on encore pu lire.
Les documents falsifiés, souvent accompagnés de cachets et signatures contrefaits, servaient à valider des projets immobiliers ne respectant pas les normes d’urbanisme. Ces pratiques ont non seulement permis à des promoteurs de régulariser des constructions illégales, mais elles ont aussi porté atteinte à la crédibilité de l’administration locale.
Les rapports d’expertise et les conclusions du Conseil supérieur des comptes, joints au dossier, ont confirmé l’ampleur des irrégularités et la responsabilité directe des dirigeants communaux, au premier rang desquels Karimine, ajoute Al Akhbar.
L’ancien président de Bouznika, longtemps perçu comme un homme fort du développement local, est aujourd’hui l’un des symboles d’une dérive institutionnelle où pouvoir politique et intérêts privés se confondent. Son nom, associé à des années de gestion controversée, revient désormais dans deux affaires distinctes illustrant la fragilité de la gouvernance locale et l’absence de transparence dans la gestion des marchés publics et du foncier.
Cette nouvelle condamnation renforce l’image d’un système clientéliste profondément enraciné dans certaines communes marocaines, où l’influence politique servait souvent de bouclier aux pratiques frauduleuses.








