En mars 2013, une nouvelle bâtisse s'était effondrée à Derb Linglize à Casablanca sur ses habitants faisant 5 blessés. Dans le quartier de l'avenue Royale de l'ancienne médina de la métropole, la majorités des familles s'abritent dans des tentes attendant vainement qu'ils soient relogés.
L'avenue royale
Pour Khadija, “les conditions de vie sont devenues insupportables”. Pour cette femme qui était en Lybie auparavant, “un relogement doit être effectué au plus vite afin d'éviter l'état de guerre dans lequel les gens vivent”. Elle constate par ailleurs que le coût du relogement proposé par la SONADAC, estimé aux alentours de 240.000 DH, reste au dessus de leurs moyens. Pour Brahim, “au lieu que cette société de restructuration nous loge dans des écoles où chaque famille habite dans une surface modique de 4 m2, il leur suffirait de nous donner l'autorisation de reconstruire à nouveau nos habitats”. Ce père de famille ne réclame qu'une seule chose : des autorisations ! Or, cette demande n'est pas prête d'être accueillie aujourd'hui, si l'on en croit ses dires.
Plus loin encore, Mohamed Kharbouch habite dans une maison qui menace de tomber en ruine. Pendant l'hiver, la précarité dans laquelle loge cet homme et ses enfants est indéfinissable dans la mesure où ils sont obligés de vivre constamment sous les gouttes de pluie. Pour dédramatiser, Kharbouch nous confie qu'il ne leur manquait plus que les linceuls tellement la crainte que leur habitation ne leur tombe dessus un jour grandit. A Derb Kherrouba, la tension est palpable. Les effondrements à répétitions provoquent une grande colère chez les habitants qui demandent aux autorités d'enclencher de toute urgence des mesures concrètes.
À qui la faute?
Pour comprendre l'origine de ce désastre, nous décidons d'effectuer une visite en compagnie du président de la Fédération des Associations de l'Ancienne Médina, Moussa Sirajeddine. Il nous guide à travers des rues exiguës de l'ancienne ville. En raison du projet de réhabilitation lancé par l'agence urbaine en 2010, on remarque des ruelles étripées et bloquées par les dalles. D'un autre côté, nous apparaissent des fissures dans des maisons qui ne sont qu'à quelques mois, du délabrement. D'autres demeures ne sont soutenues que par un échafaudage. Pour Sirajeddine, "ces fissures ont été provoquées par la mauvaise qualité du pavage installé par l'agence urbaine". Même constat révélé par un entrepreneur qui confirme que "l'effondrement (ou les menaces d'écroulement) ne vient pas de l'ancienneté des habitations mais plutôt du manque d'étude des entreprises de BTP recrutées par la même agence pour rémédier à l'assainissement de la Médina".
De son côté Mohamed Tanji, ancien membre de l'association Casa Mémoire, les raisons sont toutes autres. Ce dernier, même s'il admet que les installations n'ont pas été effectués correctement, prévient des dangers de constructions de plusieurs étages par les citoyens de la médina. En effet, "ces logements étaient destinés à être des R+2 mais à cause de la pression démographique exercée sur la métropole, les gens ont été obligés d'ériger plusieurs étages supplémentaires et ce, en concordance avec quelques responsables des communes qui fermaient les yeux sur ces pratiques moyennant quelques billets glissés sous la table". De l'avis de Tanji, "la responsabilité du délabrement de ces résidences est à mettre pareillement sur le dos des habitants et des responsables".
Selon les derniers chiffres, on compte plus de 66.000 maisons menaçant ruine à Casablanca, dont à peu près 4.000 dans l'ancienne médina. Pour rappel, un projet de réhabilitation de cette zone a été lancé en 2010 afin de remédier en urgence à cet état dramatique. Ce chantier pourra-t-il satisfaire des habitants en pleine désillusion ?