Le juge d’instruction près le tribunal de Marrakech, Youssef Zeïtouni, est en train de mettre les dernières touches au rapport de ses auditions des 12 prévenus arrêtés dans le cadre du crime du café «La Crème» de Marrakech. Il s’agit de l’assassinat par balles et à bout portant d’un jeune médecin, qui n’était en réalité pas la personne visée dans ce café, par deux tueurs à gages hollandais cagoulés. Ces derniers ont été arrêtés quelques heures seulement après leur forfait.
Selon le quotidien Al Akhbar du mercredi 13 décembre, les 12 personnes arrêtées dans cette affaire ont été placées par le juge en situation d’isolement total pour les besoins de l’efficacité de l’enquête. Non seulement les prévenus ne pouvaient pas communiquer entre eux, mais il leur était interdit par le juge et le procureur du roi de recevoir la moindre visite de la part de leurs proches, ni d’approcher les autres détenus du pénitencier marrakchi de l’Oudaya.
Seule une délégation de magistrats issus de la Cour suprême hollandaise est venue prendre acte de la responsabilité directe puis de l’arrestation des deux tueurs néerlandais, ainsi que de la procédure de l’instruction menée par leurs homologues marocains.
Ce black-out total s’explique par la nécessité d’empêcher toute coordination entre les 12 prévenus durant la durée de l’enquête et des interrogatoires, une phase dont les péripéties doivent aussi rester sous le sceau du secret, afin de tirer au clair cette affaire de crime dont les ramifications internationales sont déjà avérées.
D’ailleurs, l’implication présumée d’une mafia internationale de la drogue et du blanchiment d’argent, dans le meurtre de Marrakech, a été derrière l’annulation in extremis, le 4 novembre dernier, de la reconstitution du crime. Car, d’après les sources d’Al Akhbar, la sécurité des magistrats marrakchis, voire celle des deux criminels hollandais, pouvait être mise en danger au cours de cette phase de l’instruction.
Sans anticiper sur les résultats de l’instruction judiciaire qui va ouvrir la voie à un procès dans les prochains jours, il semblerait que tous les biens du propriétaire du café «La crème», ainsi que ceux de son frère, ont été mis sous séquestre pour présomption de blanchiment d’argent en lien avec le trafic de drogue. Des comptes bancaires garnis, trois luxueuses villas à Marrakech, des titres fonciers de nombreux terrains sis à Tanger et Marrakech ont été saisis, en plus d’une écurie de grosses cylindrées, dont une Rolls Royce sertie en or et une Ferrari. La valeur de ces seuls derniers bolides est estimée à quelque 15 millions de dirhams.