Dysfonctionnements, manipulations des prix par des intermédiaires et des spéculateurs et «guerre des carreaux» entre concessionnaires, la situation des marchés de gros de fruits et légumes, décrite par le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 24 et 25 août, n’échappe plus à personne.
C’est d’ailleurs, relève le quotidien citant des sources informées, ce qui a motivé une enquête ouverte par le ministère de l’Intérieur. Les détournements de fonds de plusieurs centaines de millions de dirhams dont il est fait état, précise Assabah, sont établis dans plusieurs rapports circonstanciés soumis aux services centraux du ministère.
En l’absence d’un système d’information fiable, les informations sur la réalité des prix pratiqués dans ces espaces font défaut, constate le quotidien. Certains commerçants se retrouvent ainsi lésés au moment des transactions, au grand bénéfice des intermédiaires.
Ces derniers profitent également de l’absence de chaîne d’approvisionnement organisée et d’échange d’informations entre producteurs, grossistes, détaillants et consommateurs pour réaliser des bénéfices mirobolants.
C’est ainsi, assure le quotidien, que les intermédiaires et autres spéculateurs font perdre pas moins de 100 millions de dirhams chaque année au marché de gros de Casablanca. D’après le quotidien, les rapports entre les concessionnaires de carreaux ne sont pas toujours courtois. Des conflits éclatent de temps en temps et aboutissent le plus souvent, sous forme de plaintes suivies de procès, dans les tribunaux, notamment pour manipulations de données inscrites sur certains documents comptables.
Les autorités de tutelle, poursuit le quotidien, planchent actuellement, en l’absence d’un cadre juridique clair, sur les moyens à même de faire régner un peu d’ordre dans ces espaces. D’après la loi actuellement en vigueur, l’Etat, à travers le ministère de l’Intérieur, accorde à titre gracieux des agréments de gestion des carreaux à des personnes choisies par le ministère, dont la moitié fait partie des familles d’anciens résistants et de membres de l’armée de libération.
Pour faire face à certains dysfonctionnements, le ministère de l’Intérieur entend renforcer l’administration des marchés de gros de fruits et légumes, souligne le quotidien, tout en envisageant la mise en place d’une agence nationale de régulation et d’orientation qui assurerait la gestion de ces espaces commerciaux.
Par ailleurs, dans un récent avis sur l’état de la concurrence sur ces marchés, rappelle le quotidien, le Conseil de la concurrence a relevé que le dispositif actuel de contrôle des prix est insuffisant.
Le rapport du Conseil, poursuit le quotidien, constate également que le stockage spéculatif, visant à stabiliser les prix à un certain niveau et à éviter une surabondance par rapport à la demande, est une pratique courante sur ces marchés.