La salle des délits mineurs à Fès était plongée dans une atmosphère tendue, prête à accueillir une session marathon qui allait éprouver tous les participants.
La séance a débuté à treize heures, avec plus de soixante-dix dossiers inscrits à l’ordre du jour, dont treize récemment ajoutés par le parquet. Le temps consacré à chaque affaire dépendait de la complexité des dossiers, de la durée des interrogatoires des prévenus et des plaidoiries de leurs avocats, indique le quotidien Assabah dans son édition de ce lundi 3 novembre.
Parmi les dossiers examinés, une majorité concernait la détention et le trafic de stupéfiants, ainsi que des actes de violence. Un cas précis a été jugé immédiatement: un prévenu a été condamné pour trafic d’alcool de contrebande et consommation publique d’alcool, à deux mois de prison ferme et à une amende de mille dirhams.
Les autres affaires ont été renvoyées au 13 novembre pour permettre un examen plus approfondi. La plupart de ces dossiers impliquaient des crimes liés aux drogues, des violences, des coups et blessures avec ou sans armes, des agressions contre des figures d’autorité, ainsi que des vols, parfois multiples, et la dissimulation des biens volés.
Au total, la juridiction a examiné trente dossiers au cours de cette journée marathon, précise Assabah. Les peines prononcées variaient d’un mois de prison avec sursis pour des consommateurs de drogues à deux ans de prison ferme pour des actes combinés de consommation de stupéfiants, possession d’armes, violences et dommages matériels.
La somme des peines cumulées a dépassé seize ans de prison, dont une partie avec sursis, distribuée entre trente-sept prévenus. Seul un prévenu a été acquitté, profitant d’un allègement après avoir été poursuivi pour dissimulation de biens volés.
Parmi les affaires les plus médiatisées, celle d’une directrice artistique dans le domaine de la musique, propriétaire d’une chaîne YouTube, qui a été poursuivie pour escroquerie et atteinte à la vie privée. La jeune femme avait été maintenue en détention à la prison de Bourkaiz pendant un mois et demi, malgré les demandes répétées de son avocat pour obtenir sa libération sous caution. Quatorze victimes, majoritairement des femmes, avaient témoigné contre elle.
Deux d’entre elles s’étaient constituées parties civiles, accusant la prévenue d’escroquerie, de diffamation et de diffusion de contenus mensongers visant à nuire à leur réputation et à influencer les décisions judiciaires.
Cette affaire faisait suite à une plainte déposée par une famille du quartier de Oued Fès. La prévenue avait publié plusieurs vidéos sur sa chaîne, portant atteinte à l’honneur et à la dignité de ses membres, notamment de l’épouse et de la fille du plaignant. Elle avait prétendu que le mari entretenait des relations douteuses avec des responsables du parquet et qu’elle bénéficiait de complicités judiciaires, des allégations qui avaient causé un préjudice social et psychologique considérable à la famille. La YouTubeuse avait été arrêtée à l’aéroport Mohammed V de Casablanca dès son retour.
Mais la famille n’était pas la seule victime, souligne Assabah. La prévenue avait également escroqué une amie, sous prétexte de vendre ses bijoux pour financer un projet. Elle avait reçu un chèque de 36 millions de centimes, mais la victime ne pouvait pas le retirer, faute de provision. La prévenue avait ensuite tenté de se dédouaner, mais le tribunal n’a pas été convaincu par ses justifications et l’a reconnue coupable. Elle a été condamnée à un an de prison ferme et à une amende de 2.000 dirhams, avec la prise en charge des frais de justice.
Seules trois victimes se sont constituées parties civiles dans cette affaire. Le tribunal a rejeté les demandes d’indemnisation de l’une d’entre elles pour défaut de compétence, mais a accordé des compensations aux deux autres: 20.000 dirhams pour une femme et 10.000 dirhams pour son proche, clôturant ainsi le marathon judiciaire de cette journée exceptionnelle.








