Lutte contre l’analphabétisme: un rapport parlementaire accablant dresse un bilan d’échec

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Revue de presseUn rapport parlementaire dresse un constat sévère sur les programmes nationaux d’alphabétisation. S’il salue certains succès ponctuels, le document met en lumière des lacunes structurelles, une coordination défaillante et un décalage persistant entre les objectifs affichés et les réalités du terrain, appelant à une refonte profonde des stratégies. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 22/10/2025 à 18h12

Le programme national de lutte contre l’analphabétisme n’a pas rempli ses missions fondamentales. Telle est la conclusion sans concession du rapport élaboré par un groupe de travail thématique de la Chambre des représentants, présenté en séance plénière le 21 octobre 2025.

Le document estime que ces initiatives affichent un «degré variable de compatibilité» avec les exigences sociales, économiques, spirituelles et culturelles de la société marocaine. En revanche, il relève «les limites de ce qui est lié à l’émancipation politique dans les objectifs de ces programmes, ainsi que les dimensions artistiques et esthétiques», rapporte Al Ahdath Al Maghribia de ce jeudi 23 octobre.

La pluralité des acteurs impliqués –notamment l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme (ANLCA), le ministère des Affaires islamiques et la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR)– a certes permis d’élargir la base des bénéficiaires. Cependant, cette diversité a également fait émerger d’importantes disparités en termes d’efficacité et de convergence entre les différentes composantes.

Le groupe de travail a ainsi constaté les limites de la continuité pédagogique au sein des programmes de l’ANLCA, où le taux de passage du premier au deuxième niveau n’excède pas 16%, engendrant une «inflation quantitative au détriment de la qualité». Le rapport souligne également la faiblesse du ciblage des populations les plus vulnérables, particulièrement dans les zones reculées, que les associations peinent à couvrir en raison d’un manque de ressources.

Les programmes d’alphabétisation fonctionnelle présentent, quant à eux, des disparités sectorielles significatives, avec un recul de 65% du nombre de bénéficiaires dans le secteur de la pêche et de l’artisanat, où la répartition entre zones urbaines et rurales reste inégale.

«La mise en œuvre du programme reste aléatoire», indique le rapport, en raison de difficultés de coordination, de l’inadéquation des conditions requises avec la réalité du terrain et d’un lancement tardif.

En dépit de ce bilan critique, le groupe de travail a salué certaines réussites, à l’instar du programme déployé dans les mosquées, qui séduit une large majorité de femmes, représentant plus de 85% des bénéficiaires. Une complémentarité entre l’apprentissage présentiel et distanciel a également été observée, particulièrement durant la période de la Covid-19.

Le programme «Prisons sans analphabétisme» de la DGAPR a, pour sa part, affiché des résultats probants sur le plan quantitatif, avec plus de 84.000 détenus ayant bénéficié du dispositif sur huit ans.

Parmi les conclusions majeures de cette étude, figurent les disparités dans la coordination entre les différents programmes, relaie Al Ahdath Al Maghribia. Si une synergie notable existe entre les objectifs et les contenus d’apprentissage de l’ANLCA et du programme des mosquées, l’initiative carcérale nécessiterait, selon le rapport, une approche éducative spécialisée, adaptée aux spécificités de l’univers pénitentiaire.

Par Hassan Benadad
Le 22/10/2025 à 18h12