Les marchands ambulants transforment Salé en jungle urbaine

Ruelles de la médina de Salé.

Revue de presseMalgré la création de marchés dédiés aux vendeurs ambulants, Salé replonge dans le chaos urbain. Des dizaines de commerçants informels ont réinvesti les principales artères de la ville, transformant les trottoirs et la chaussée en souks improvisés. Entre saturation du trafic, dégradation du cadre de vie et inefficacité des politiques locales, la cité voisine de Rabat semble revivre un scénario déjà connu. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 12/10/2025 à 18h07

Depuis plusieurs semaines, la circulation à Salé vire au cauchemar. Dans plusieurs artères principales, les trottoirs et même la chaussée ont été investis par des vendeurs ambulants qui transforment les rues en marchés à ciel ouvert. Et ce, à quelques mètres seulement d’un centre commercial construit précisément pour les accueillir, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 13 octobre.

Ironie du sort, le centre commercial flambant neuf, érigé il y a plus d’une décennie avec des fonds publics pour encadrer et régulariser le commerce informel, est aujourd’hui déserté. Les vendeurs de vêtements d’occasion préfèrent rester dehors, occupant les trottoirs et les voies de circulation dans un désordre rappelant les années de grande anarchie que la ville croyait révolues. «Le centre a été construit spécialement pour eux, et pourtant ils refusent d’y aller», a déploré un commerçant du quartier. «Ils préfèrent l’espace public, plus visible pour les clients, au détriment de la circulation et de la sécurité», a-t-il ajouté.

Les riverains, excédés, parlent d’un quotidien devenu invivable. «Les routes sont bloquées, les trottoirs impraticables et les accidents se multiplient, surtout aux heures de pointe», a témoigné un habitant, amer, cité par Al Akhbar.

Selon plusieurs observateurs locaux, cette situation est le résultat d’un manque de contrôle sur le terrain et d’un certain laxisme dans l’application des décisions relatives à l’occupation du domaine public. «Les autorités locales ont consenti de gros efforts ces dernières années pour encadrer les vendeurs ambulants, mais la résurgence du désordre met en péril ces acquis», note un ancien cadre communal.

Certains pointent du doigt l’absence d’une politique de suivi durable: après chaque campagne de réorganisation, les vendeurs finissent souvent par revenir.

À l’approche de la saison froide, les inquiétudes montent. La demande en vêtements d’occasion explose chaque hiver, risquant d’aggraver encore la saturation des rues.

Les associations locales appellent à une intervention rapide et équilibrée, conjuguant fermeté et accompagnement social. «Il faut appliquer la loi, mais aussi offrir des alternatives réelles à ces vendeurs qui vivent souvent dans une précarité extrême», a plaidé un militant associatif.

Le cas de Salé met en lumière les limites structurelles des projets d’intégration des vendeurs informels.

Malgré la création de plusieurs marchés dits «modèles», nombre de bénéficiaires finissent par abandonner leurs stands, invoquant des loyers trop élevés, un manque d’attractivité commerciale ou une mauvaise localisation.

Résultat: les trottoirs redeviennent des étals, la circulation se fige, et le visage urbain de Salé se dégrade à nouveau.

Par La Rédaction
Le 12/10/2025 à 18h07