Le viol conjugal ou l'enfer au quotidien

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Un cas isolé que celui de cette jeune femme que nous avons rencontrée et qui vit l'enfer au quotidien? Dont le viol conjugal fait partie de l'enfer quotidien? Certainement pas.

Le 27/10/2014 à 14h00

Elle a 29 ans et vit à Hay Mohammedi avec son mari et sa petite fille de 5 ans. Son petit appartement de 40 m2, elle l’a acheté bien avant son mariage et en a encore pour plus de 20 ans à rembourser le crédit contracté pour l’acquérir. Son mari? Une sorte de pensionnaire inutile qui ne lève pas le petit doigt et n’entreprend d’essayer de gagner quelques sous que lorsque les cigarettes viennent à manquer et que le reprend l’envie d’aller hanter les bars. Les traites de l’appartement? Il n’est pas question pour lui d’aider à les payer. Après tout, il appartient à sa femme. Ce qui ne l’empêchera cependant pas de tenter de l’en déposséder en lui demandant, un beau matin, de signer et faire légaliser des procurations qu’il avait préparées et devaient lui permettre de disposer comme il l’entend du seul bien que possède la famille, un bien qu’il avait l’intention d’hypothéquer pour monter une hypothétique affaire, sans penser un instant à son propre enfant. C’est ce qu’il ressortira de la petite enquête que mènera discrètement la jeune femme. Analphabète et donc incapable de lire les feuilles que son mari lui demandait de signer, elle s’est en effet méfiée de ses explications scabreuses et a entrepris de faire lire les documents à ses employeurs pour en avoir le cœur net. La déception est immense. Cet homme qui partage sa vie, le père de sa propre fille, est prêt à aller jusqu’à la voler, quitte à ce que toute la famille, qui n’a d’autre sécurité que ce toit sur la tête, se retrouve à la rue. 

La jeune femme a fait la sourde oreille aux insultes que son mari a fait pleuvoir sur elle suite à son refus d’obtempérer et de lui fournir les papiers dûment signés. Sans sourciller, elle a poursuivi seule son combat quotidien pour payer les dettes, nourrir sa famille, payer l’école de sa fille pour laquelle elle débourse à présent 500 dhs par mois dans l’espoir de lui offrir l’éducation qu’elle n’a pas eue et de l’arracher, surtout, au traumatisme d’une première année scolaire où les enfants se faisaient rabrouer à coups de tuyau! Des journées de ménage qui durent parfois 12 heures pour à peine 100 dhs, le salon de son petit appartement loué à une famille pour 700 dhs par mois. Elle s’en sort à la force du poignet.

Mais il y avait encore, de plus, la face invisible de l’iceberg. Celle que son entourage ne découvrira que récemment. La jeune femme est tombée enceinte après avoir renoncé, faute d’argent, à racheter ses pilules contraceptives. D’ailleurs, le couple ne s’adresse plus la parole depuis longtemps. Elle le tolère chez elle par peur du scandale et parce que, dans son milieu, on ne divorce pas contre la volonté de son mari. La grossesse de la jeune femme a donc d’autant plus surpris.Un mari fantôme? Pas tant que ça. Elle finira par avouer qu’il la forçait, dès que leur enfant s’endormait, à l’acte sexuel. Lui arrachait ses habits. La violait. Mais ça n’a pas choqué ses proches plus que ça. Après tout, c’est son mari. Il faudra faire avec cette grossesse, et continuer...

Par Bouthaina Azami
Le 27/10/2014 à 14h00