Répondant à la question posée par un député lors de la séance de questions/réponses, lundi 22 juillet à la Chambre des représentants, sur la polémique suscitée par le classement dans un concours d’admission par l’École roi Fahd de traduction de la langue amazighe dans la catégorie des «langues étrangères», Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Innovation et de la Recherche scientifique, a remercié l’école de traduction et l’Université Abdelmalek Essaâdi pour leurs excuses, affirmant que «les mesures nécessaires ont été prises pour éviter qu’une telle erreur ne se reproduise».
«L’école et l’université ont commis une erreur et se sont excusées. C’est une erreur matérielle d’impression», a-t-il expliqué, notant que son département a demandé à l’école «la création d’une filière spéciale pour la langue amazighe». En effet, après avoir soulevé un tollé général sur les réseaux sociaux, l’école de traduction à Tanger a expliqué que cette erreur était «involontaire» et qu’elle a été immédiatement corrigée, soulignant son plein engagement à consacrer le caractère officiel de la langue amazighe.
En outre, Miraoui a précisé que son ministère tient à mettre en valeur la langue amazighe comme bien commun de tous les Marocains, et à s’engager dans l’activation du caractère officiel de la langue en établissant un programme intégré, incarné dans l’adoption de 25 filières au cours de la prochaine rentrée universitaire, 5 au niveau de la licence, et 6 au niveau master, en plus de 14 autres filières en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale en lien avec la licence en sciences de l’Éducation.
«Une très grave erreur»
Joint par Le360, le président de l’Association mondiale amazighe, Rachid Raha, estime que «l’École roi Fahd de traduction de Tanger a commis une très grave erreur en considérant dans une de ses fiches la langue autochtone amazighe comme langue étrangère, et heureusement elle a vite rectifié le tir, sachant que son directeur, Mohamed Kharchich est un sincère défenseur de l’amazighité, et qui vient de signer des conventions de partenariat avec l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM)».
«Mais, ce que je retiens de cette profonde polémique, c’est qu’elle a réveillé les consciences, dynamisé les militants amazighs sur les réseaux sociaux et a obligé le ministre Abdellatif Miraoui de s’expliquer devant le parlement», souligne-t-il. «Je considère cette salutaire polémique comme un opportun lapsus de l’administration marocaine, qui continue à se comporter avec la langue nationale et co-officielle amazighe comme une langue étrangère, malgré la volonté royale, sa reconnaissance constitutionnelle, la sortie de sa loi depuis déjà 5 ans et les promesses gouvernementales», a-t-il ajouté.
Raha se dit également «profondément déçu par tous les ministres de ce gouvernement, en l’occurrence celui de l’Éducation nationale et de la Communication, ainsi que par diverses institutions comme la Fondation Hassan II pour les MRE, le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), qui ne manifestent pas une franche volonté politique de doter la langue amazighe des mêmes droits dont la langue arabe bénéficie et d’œuvrer en faveur de l’égalité des chances des deux langues officielles».
Pour rappel, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation a annoncé que ladite «erreur matérielle» figurant dans l’annonce du concours d’accès à l’École supérieure roi Fahd de traduction de Tanger (ESRFT), relevant de l’Université Abdelmalek Essaâdi de Tétouan, au titre de l’année académique 2024-2025, «est involontaire et a été rectifiée».