Dans le monde d’aujourd’hui, qui compte 8 milliards d’habitants, il y a à peu près 700 Prix Nobel. Le temps d’un débat, deux d’entre eux étaient les illustres hôtes de l’Université Euromed de Fès. C’était le 27 février 2025. Une occasion rare de faire connaissance avec deux immenses physiciens, dont la valeur n’a d’égal que leur extrême humilité. Le premier est Alain Aspect, un physicien et universitaire français connu notamment pour avoir conduit certains des premiers tests concluants portant sur l’un des paradoxes fondamentaux de la mécanique quantique.
En 2022, il est colauréat du prix Nobel de physique aux côtés de John Clauser et Anton Zeilinger pour des recherches sur l’informatique quantique. Le second, Serge Haroche, est un physicien français natif de Casablanca. En 2012, il est colauréat du prix Nobel de physique avec l’américain David Wineland pour «leurs méthodes expérimentales novatrices qui permettent la mesure et la manipulation des systèmes quantiques individuels».
Autant dire que leur présence à l’Université Euromed de Fès n’est pas passée inaperçue. D’éminents scientifiques nationaux et internationaux étaient ainsi réunis pour échanger autour de la physique quantique. Parmi eux, cinq membres de prestigieuses académies de sciences (de France, d’Autriche, du Danemark et de Chine).
Le caractère particulier du sujet n’a pas empêché un public très nombreux d’être présent. Au micro de Le360, Alain Aspect n’a d’ailleurs pas manqué de le relever: «Je suis absolument ravi de voir autant d’étudiants et de jeunes assister à des échanges sur un sujet qui, vu de loin, paraît un peu difficile», a-t-il commenté. La qualité tant de l’enseignement à l’UEMF que de ses équipements ne lui a pas échappé. «Nous avons visité les laboratoires de cette université, c’est absolument extraordinaire. Ce qui me frappe, c’est le nombre de jeunes qui sont présents dans ces laboratoires», a ajouté le scientifique.
Serge Haroche a abondé dans ce sens. «J’étais très heureux de voir que vous avez, à Fès, une école polytechnique qui forme des ingénieurs à faire des métiers concrets, à appliquer les résultats les plus récents de la science pour inventer et créer des appareils qui vont avoir une utilité réelle. Et ici, vous avez ce qu’il faut pour réussir cela. Vous avez la capacité d’attirer des étudiants brillants, de les choisir, d’avoir des enseignants bien formés et brillants, et vous avez aussi tout l’équipement qu’il faut pour faire cela. J’ai d’ailleurs été impressionné par la qualité des équipements dans la reproduction en trois dimensions dont l’UEMF dispose», nous a confié le Casaoui de naissance.
Derrière un événement d’une telle qualité se trouve Mostapha Bousmina, le président de l’Université Euromed de Fès, qui précise que cet événement a été coorganisé en partenariat avec l’Académie Hassan II des sciences et techniques. Des chercheurs de l’ensemble des universités de la région – l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah, l’université Moulay Ismaïl, Al Akhawayn University et l’université Mohammed Ier d’Oujda – y ont également participé.
Lire aussi : Mostapha Bousmina, président de l’UEMF: comment le Maroc devient la 1ère puissance africaine de l’IA
«C’est la voie de l’excellence que choisit notre université pour nos étudiants et nos chercheurs: des interactions avec des sommités mondiales et une grande importance accordée à la science et à la technologie, au service de notre pays», a résumé Mostapha Bousmina.
La culture était également au rendez-vous lors du séjour des deux grands scientifiques dans la capitale spirituelle du Maroc. C’était le mercredi 26 février, à l’occasion de la réouverture du Musée Al Batha des arts de l’islam de Fès, après six ans de travaux de restauration. Dix salles réaménagées racontent désormais l’histoire de l’islam au Maroc, de l’époque préislamique aux fastes des dynasties successives, tout en rendant un hommage appuyé à l’âme singulière de Fès. En prime, quelque 700 pièces rares, sélectionnées avec minutie, sont désormais accessibles au grand public.
Pour Alain Aspect, «c’est un musée absolument extraordinaire, et c’est un immense honneur d’avoir pu le visiter ainsi, guidés par des experts. Cette perspective sur la culture millénaire de ce pays est vraiment magnifique».
Visiblement ému, Serge Haroche est revenu sur ses origines: «Je suis heureux d’avoir eu l’occasion de revenir au Maroc. Je fais découvrir ce pays à mes collègues scientifiques, dont certains viennent pour la première fois. Nous avons visité Volubilis il y a quelques jours et, aujourd’hui, ce musée nous montre la continuité et l’échange entre les civilisations préislamiques et islamiques. C’est unique dans le monde musulman de voir cette coexistence entre les différentes civilisations. J’espère que cela donnera un exemple au reste du monde sur la façon dont les gens ayant des origines différentes, des croyances différentes peuvent s’entendre et vivre ensemble. C’est très important», a conclu Haroche.








