C’est une bouffée d’oxygène et une épine de moins dans le pied de millions de familles à l’occasion de cette rentrée scolaire. Lancée en 2008 en tant que l’un des principaux piliers du soutien aux familles, et pour lutter contre la déperdition scolaire, l’initiative royale «Un million de cartables» est reconduite pour cette rentrée 2023-2024, en gardant le même rythme de croissance soutenu.
Selon le ministère de l’Éducation nationale, l’opération va bénéficier à 4,8 millions élèves, soir 100.000 de plus que l’année dernière. Le budget qui y est affecté suit le même chemin, passant à près de 600 millions de dirhams (596,7), contre 550 millions DH lors de la précédente rentrée des classes.
Initiée en 2008 avec le chiffre aussi rond que symbolique d’un million de cartables, cette opération consiste à distribuer des cartables comportant l’ensemble des manuels, fournitures et cahiers dont auront besoin les élèves lors de la rentrée scolaire.
Le nombre de kits scolaires distribués a considérablement augmenté au fil des années, pour s’établir pour la présente rentrée des classes à 4,8 millions d’unités, soit 5 fois le chiffre initial. Selon les cas, les élèves concernés reçoivent le kit complet (cartable, manuels et fournitures), alors que d’autres reçoivent une aide ciblée, comprenant des manuels et des fournitures.
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Le coût de l’opération «Un million de cartables» est supporté par différents intervenants. La part la plus importante est le fait du ministère de l’Economie et des finances, du ministère de l’Éducation nationale et du ministère de l’Intérieur, complétée par les apports de plusieurs institutions publiques ou semi-publiques, voire des institutionnels privés.
L’Intérieur veille au grain
C’est le ministère de l’Intérieur (INDH) qui se charge du pilotage de l’opération, en étroite collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale. À l’approche de la fin de chaque année scolaire, les gouverneurs de chaque préfecture ou province à travers le pays lancent des appels d’offres pour acquérir ce qui composera les kits scolaires à distribuer (cartables, fournitures et manuels scolaires). Et bien que les besoins diffèrent d’une province et d’une région à l’autre, la priorité reste donnée au milieu rural, où la problématique de la déscolarisation et de la déperdition scolaire se pose avec le plus d’acuité.
Au moment de la distribution, assurée par les délégations régionales ou locales du ministère de l’Éducation nationale, rien n’est laissé au hasard. Chaque établissement reçoit le quota qui lui est réservé, sur la base des données recueillies par le ministère de l’Intérieur.
Cette opération est aussi une aubaine pour l’industrie nationale. Bien que les appels d’offres ont pour vocation de compresser les coûts, les fabricants de cartables, comme les éditeurs de livres et autres producteurs de cahiers y trouvent leur compte.
Et pas question de profiter d’une initiative à caractère profondément social pour fournir aux bénéficiaires, sous couvert de bas prix, des articles défectueux ou de mauvaise qualité.
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À titre d’exemple, tout soumissionnaire pour le marché des cartables est tenu de fournir quatre exemplaires de son produit aux services du ministère de l’Industrie et du Commerce, qui en examine la conformité aux spécifications techniques. Lesdits échantillons doivent ensuite passer sous la loupe d’un laboratoire agréé par le même département, pour être certifiés conformes aux normes de qualité établies.
Qui en bénéficie et à quel point?
L’opération «Un million de cartables» concerne exclusivement les élèves de l’enseignement public, mais pas tous. Elle est d’abord réservée aux cycles primaire et secondaire collégial, avec toutefois un nombre de filtres et de nuances. Dans les zones rurales, l’intégralité des élèves des cycles primaire et secondaire collégial bénéficie du don, alors qu’en milieu urbain, seuls ceux du cycle primaire y sont éligibles.
Autre différence: selon les cas, les bénéficiaires se voient remettre la totalité du kit scolaire (cartable, fournitures et manuels) ou seulement une partie. «Là aussi, cela dépend des provinces et des besoins des élèves. On procède selon les priorités de chaque délégation», souligne un responsable au ministère de l’Éducation nationale. En fonction de ces paramètres, les combinons varient: cartable et fourniture, cartable et manuels, ou manuels et fournitures.
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Les plus «chouchoutés» se recrutent parmi les élèves de la première et de la troisième année du primaire, dans les milieux rural et urbain, qui ont droit au kit complet. Idem pour les élèves de la première année du collège dans une zone rurale. Autrement dit, les parents de cette catégorie d’élèves ne dépensent pas un seul dirham pour acheter une gomme. Le jour de la rentrée, il leur suffit d’accompagner leurs enfants à leurs écoles, l’opération «Un million de cartables» se charge du reste.