Image du jour: quand la mairie de Casablanca confond «Léon l'Africain» avec le «Lion africain»

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Sur la pancarte d'un parking du Conseil de la ville de Casablanca, «Léon l'Africain», de son vrai nom Hassan al-Wazzan, est traduit par «le lion africain»! L'explorateur marocain, auteur de «la cosmographie d'Afrique», livre culte pour historiens et diplomates, se serait retourné dans sa tombe!

Le 06/09/2017 à 16h34

Une bourde historique monumentale doublée d'une insulte inqualifiable. Celle qui a été commise par le Conseil de la ville de Casablanca, envers une personnalité historique pourtant universellement connue et reconnue. Sur une pancarte d'un parking relevant de la mairie de la mégalopole, on constate en effet que "Léon l'Africain", de son vrai nom Hassan al-Wazzan, est confondu avec "le lion africain"! 

L'insulte est telle que la mairie de Casablanca a prêté une vertu faunesque, fût-elle d'un lion, à une sommité intellectuelle devant constituter un motif de fierté pour l'humanité tout entière, et le Maroc en particulier.

Est-il encore beoin de présenter Hassan al-Wazzan?

Né en 1494 à Grenade, de parents marocains, Hassan al-Wazzan regagne son pays d'origine, à l'âge de 3 ans, après la reconquête de cette ville musulmane éponyme par Ferdinand II d'Aragon, et Isabelle I de Castille. Il s'installe à Fès où il suit des études de théologie dans plusieurs medersas et à la Qaraouiyine, avant d'être initié par son oncle maternel à la vie de diplomate. A l'âge de 20 ans, il s'engage sur les routes et la voie de l'exploration et de la diplomatie, à la faveur d'une brillante carrière en Afrique, puis au Moyen-Orient, particulièrement en Egypte, avant d'être fait prisonnier par des pirates siciliens à son retour d'un pèlerinage à la Mecque.

Un parcours atypique couronné par un livre devenu, au fil des siècles, une "bible" pour les ambassadeurs et autres diplomates à travers le monde entier, en l'occurence "la Cosmographie d'Afrique".

Une aventure exceptionnelle sur laquelle est revenu le prix Goncourt, Amin Maâlouf, à travers une excellente autobiographie imaginaire intitulé du même nom de "Léon l'Africain".

Bien d'autres chercheurs et littérateurs s'intéressent à Hassan al-Wazzan, comme à Ibn Battouta, Ibn Rochd ou Ibn Khaldoun, pour ne citer que ces grands savants qui ont inspiré leur époque et la nôtre aussi. De ce côté, non seulement ces références historiques sont négligées, ils sont aussi (et incroyablement) ignorés! Hélas que cette ignorance émane d'une partie censée la combattre et s'intéresser convenablement à ceux qui ont fait la légende et la grande histoire de notre pays. Inadmissible!

Par M'Hamed Hamrouch
Le 06/09/2017 à 16h34