L'action a eu lieu ce lundi et s'est faite sur l'initiative d'artistes marocains qui ont décidé de rendre hommage au petit Aylan en s'allongeant sur le sable d'une plage de Rabat, habillés de rouge et de bleu et mimant la position de son corps tel qu'il a été retrouvé sans vie. Une initiative qui a ému et à laquelle les passants qui ont assisté à la scène ont applaudi. Mais si elle a été applaudie par certains, elle a été décriée par d'autres, notamment sur les réseaux sociaux où les critiques sont allées et vont toujours bon train. Quelque chose dérange dans cette initiative que d'aucuns ont estimée impudique et ont même été jusqu'à qualifier de honteuse. Initiative qui ressemble pourtant à nombre de manifestations telles qu'on en voit en Europe et qui part, sans doute aucun, d'un bon sentiment. Mais peut-être le malaise vient-il du fait que ce genre de manifestations se font, ailleurs, à l'initiative de la société civile pour éveiller et mobiliser les consciences, certainement, mais dans le but de faire pression sur les décideurs pour les contraindre à réagir, à répondre dignement à un drame humanitaire.
Là réside peut-être la réponse à la question de savoir ce qui a pu gêner certains dans cette initiative, purement gratuite, sans revendication aucune et qui, dès lors, s'apparente à une sorte de spectacle, de performance qui peut laisser un arrière-goût amer. D'autant que les artistes ont peut-être les moyens de se mobiliser et de mobiliser pour des actions concrètes. Pour ne citer que cet exemple, quelque 66 artistes, rassemblés autour de l'humoriste français Alex Lutz qui a lancé cette initiative de "main tendue", se sont engagés, à travers une pétition, à verser des dons à des associations de soutien aux réfugiés. "Ces enfants sont les nôtres, leurs parents sont nos semblables, nous ne formons qu'une seule et même humanité. Voilà ce que nous avons pensé. Crié plutôt. Et la rage n'est pas retombée": tels ont été les mots d'Alex Lutz pour le Journal du Dimanche quant au sens de cette action. Il y a des réfugiés, au Maroc. Africains, Syriens... Plutôt que de mimer leur mort, il serait bon que l'horreur et la détresse fassent monter ce même cri et une "rage" pour la vie et la dignité de ceux par trop longtemps condamnés au déni, à la terreur, à l'humiliation et à l'errance. Enfin, que chacun se fasse son idée. L'indignation de certains nous aura simplement interpellée.