Habitat anarchique à Marrakech: la gendarmerie libère un caïd séquestré par le gérant d'un chantier

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Revue de presseKiosque360. Le caïd de Harbil, à Marrakech, s’était déplacé pour mettre fin à un chantier de construction anarchique. Après un échange houleux, le propriétaire des lieux a fini par le séquestrer. L’affaire est devant la justice, dans une région où l’habitat anarchique est d'ailleurs très répandu.

Le 06/03/2016 à 23h41

Il aura fallu l’intervention de la gendarmerie pour libérer le caïd de la commune de Harbil, dans les environs de Marrakech, qui a été séquestré durant plusieurs heures dans un atelier de verrerie. Le caïd, alerté quant à des travaux d’aménagement non autorisés dans l’atelier, s’était rendu samedi sur les lieux, accompagné d’auxiliaires d’autorité, relate le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 7 mars.

Constatant les travaux illégaux de maçonnerie en cours, il a intimé aux ouvriers l’ordre de cesser leur activité. Ce qui n’a pas été pour plaire à l’un des gérants de la verrerie qui était présent sur place. Le ton est vite monté, et l’agent d’autorité a été copieusement insulté. Mais le gérant de l’atelier ne s'en est pas tenu aux propos orduriers et a fait bloquer l’accès au local à l’aide d’un camion où il a enfermé le caïd et l’un des auxiliaires d’autorité qui l’accompagnaient.Ces derniers ont vite alerté la gendarmerie qui s’est aussitôt déplacée sur les lieux pour libérer les séquestrés. Le gérant a été arrêté et mis en garde à vue, en attendant sa comparution devant le juge. Entre temps, rapporte le journal, certaines parties sont intervenues pour faire pression sur le caïd afin de le pousser à retirer sa plainte. Suite à quoi, les autorités de la wilaya seraient également intervenues pour que l’affaire suive son cours, dans le respect de la loi.

Cette affaire, rappelle le quotidien, vient mettre en exergue, encore une fois, le problème de la prolifération des logements non autorisés et de l’habitat anarchique, non seulement dans cette commune mais également dans toutes les localités voisines de la nouvelle ville de Tamansourt.Selon des sources citées par le journal, des entrepreneurs et des spéculateurs immobiliers mettraient en vente des logements construits au noir pour des prix allant de 80.000 à 160.000 DH. Et les autorités locales sont intervenues à plusieurs occasions pour lutter contre ce phénomène. Des interventions qui finissent généralement par des démolitions en masse. Ce qui ne manque pas de créer des tensions sociales.

Le Parquet de Marrakech s’est, pour sa part, intéressé à la question. Il a ainsi ordonné, il y a un peu plus d’une semaine, l’ouverture d’une enquête contre le président de la commune de Harbil, sur la base d’une plainte déposée par une association locale qui l’accuse d’encourager l’habitat insalubre en facilitant l’octroi de certificats de raccordement au réseau électrique. L’intéressé, rappelle le quotidien, avait déjà été relevé de ses fonctions entre 2003 et 2009 pour les mêmes motifs. Ce dernier réfute cependant les accusations portées contre lui, insistant sur le fait que le Tribunal administratif avat annulé la décision du ministère et que les services de sa commune alertent régulièrement les autorités concernées à chaque fois qu’ils constatent des constructions du genre.

Par Amyne Asmlal
Le 06/03/2016 à 23h41